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samedi 25 juin 2016

Entre Aix et Luynes, on construit la plus grande prison de la région

Le chantier d'Aix-Luynes 2 jouxte l'actuelle maison d'arrêt Aix-Luynes 1. Plongée au coeur d'un projet titanesque.

Faits divers - Justice - Entre Aix et Luynes, on construit la plus grande prison de la région

On ne bâtit pas une prison comme on construit un bâtiment de bureaux ou même un hôpital. Cela semble d'emblée évident. "Chaque détail a une importance", confirme Denis Devriendt, directeur de ce chantier d'envergure que réalise la société Bouygues Bâtiment.



Et en effet, absolument rien n'est laissé au hasard : tout semble pensé en termes de sûreté, active ou passive. Exemple ? La moindre fixation doit être inviolable. Il faut éviter les caches, empêcher le démontage. Et au milieu du chantier, on constate que les murs sont coulés autour des éléments de fenêtre qui comportent déjà des barreaux. Bref, on ne construit pas une prison comme n'importe quel autre bâtiment.

735 places supplémentaires

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Il faut dire qu'Aix 2, en construction depuis quelques mois tout à côté d'Aix 1 (centre pénitentiaire dont la capacité - théorique - est de 668 places), n'aura pas seulement vocation à désencombrer cette première structure, mais plutôt, "c'est surtout un schéma d'ensemble, notamment car Aix est central et le site tout près", explique le directeur Frank Linarès.

En plus de cette surpopulation, il faut aussi gérer le turn-over et le renouvellement, "c'est l'essence même d'une maison d'arrêt", puisqu'en neuf mois en moyenne, la population de Luynes est renouvelée, précise le directeur de ce centre pénitentiaire.

Un centre qui, après ouverture d'Aix 2, sera le plus gros établissement de la région, avec ces deux maisons d'arrêt regroupées en un seul établissement (il y a aussi un centre pour peines aménagées). Aux détenus hébergés actuellement (entre 900 et 1 000 souvent car point de numerus clausus dans les prisons françaises), il faudra ajouter la capacité théorique de 735 places d'Aix 2 (capacité opérationnelle de 1 055, la moitié des cellules étant doubles).

"C'est un projet fédérateur pour les personnels, un projet qui offre aussi des perspectives", observe le directeur, au fur et à mesure que le projet avance. Et sur site, pas moins de 280 personnes travaillent actuellement (350 prévues en effectif de pointe), encadrement (55 personnes) et Compagnons inclus.

Un chantier prévu pour durer 18 mois

Si le groupe Bouygues assure conception et gros oeuvre, une soixantaine d'entreprises sont présentes aussi, avec tous les corps de métier, pour faire de ce projet quelque chose de particulièrement novateur, poursuit-on du côté de l'Apij, l'Agence publique pour l'immobilier de la justice.

"Aix 2 est le fruit d'une volonté collective de faire évoluer les modes de détention et de travail pour les personnels", détaille Nathalie Guillemeau, chef de projet pour l'Apij. Une configuration avec davantage d'espaces comme des "quartiers" a été conçue, "pour sortir de l'ambiance hypercarcérale et hypersécuritaire, même si la sécurité n'est pas oubliée".

Des unités de vie familiale sont envisagées. Chaque cellule comportera une douche et les fenêtres ont été largement agrandies pour augmenter la luminosité. Même évolution pour les matériaux et les couleurs : les ocres et beiges locaux ont été privilégiés. Sans oublier un travail de la lumière et des espaces végétalisés, deux cours de promenade par bâtiment, une double circulation et même des fils d'eau le long de la zone de réinsertion. Le but étant de donner un esprit "urbain" plus que carcéral, et "on a aussi réfléchi à l'intégration dans le paysage", poursuit l'Apij.

Des fonctions (cuisine et blanchisserie centrales) seront mutualisées ; une connexion a été imaginée entre les deux sites, Aix 1 et Aix 2, pour qu'ils ne soient pas hermétiques. Tout cela, sans sacrifier la sécurité : les projections dans les cours seront rendues impossibles par un espace de sécurité.

Le gros oeuvre est prévu pour durer dix mois, puis il en faudra huit pour les corps d'état secondaires. "Nous construisons plusieurs bâtiments indépendants", dévoile Didier Devriendt : la porte d'entrée principale, les bâtiments de maison d'arrêt, le gymnase, les parloirs, les ateliers, les zones de service à la personne, le quartier disciplinaire, celui d'isolement...

La base Prej, Plateforme régionale d'extraction judiciaire, sera à l'avenir basée à Aix-Luynes, de même que la base des Eris, Équipes régionales d'intervention et de sécurité. Deux entités qui seront sous l'autorité de la direction interrégionale, distinctes en ce sens du centre pénitentiaire d'Aix (1 et 2) que dirige Frank Linarès.

"Cet établissement hébergera aussi un CNE, Centre national d'évaluation", ajoute Julie Bruno, chargée de mission à la direction interrégionale. Le CNE, ce seront 50 places pour les personnes condamnées à de longues peines, qu'il faut évaluer avant leur affectation.

DES REPÈRES

Pour ce projet de conception et réalisation d'Aix- Luynes 2, on retiendra :

- un terrain de 15 hectares comprenant : une emprise bâtie à l'intérieur d'un mur d'enceinte (carré 300 m de côté) et parkings (6 200 m2 pour 250 à 300 personnels et 5 000 m2 pour le public) ;

- à l'extérieur du mur d'enceinte : administration, locaux du personnel, accueil familles ; à l'intérieur du mur d'enceinte : zone hors détention (greffe, parloirs...) et zone de détention (hébergements, locaux socio-éducatifs, ateliers...) ;

- 14 bâtiments à construire ;

- 6 grues à tour et 4 grues mobiles sur le chantier ;

- 160 000 heures de production propre (le gros oeuvre) ;

- 45 000 heures d'insertion dont 25 000 pour la production propre (cela consiste, par exemple, à faire travailler des gens qui se trouvaient à Pôle Emploi) ;

- 25 000 m3 de béton ;

- 130 tonnes d'acier ;

- 350 personnes sur le chantier en effectif de pointe, à l'été 2016 ;

- budget : 90 millions d'euros.

La Provence

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