Douze mois de prison avec sursis, et une interdiction d'exercer sa profession pendant cinq ans ont été requis hier contre un délégué syndical de la maison d'arrêt de Foix soupçonné d'avoir voulu fausser un scrutin, en 2014.
A la maison d'arrêt de Foix, une quarantaine de personnels, surveillants notamment, sont appelés aux urnes. Mais, au moment des décomptes, le responsable du vote se rend compte que deux surveillants sont passés aux urnes, mais ont également voté par correspondance.
Les doublons l'intriguent : des vérifications sont effectuées, d'autant que ces deux surveillants avaient annoncé leur intention de ne pas voter, puis ont changé d'avis au dernier moment.
Quelqu'un s'est donc servi de leur matériel de vote par correspondance. Des investigations sont effectuées et trois autres kits de vote par correspondance sont découverts. Ils ont été falsifiés.
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L'hypothèse d'une fraude électorale fait alors son chemin. Peu à peu, les soupçons se portent sur le délégué syndical FO, Christian D... Entendu par les gendarmes, après avoir longuement nié, le syndicaliste reconnaîtra finalement avoir falsifié trois des cinq kits de vote, mais niera farouchement avoir voulu les utiliser.
«Ces bulletins ne pouvaient pas servir»
Selon Me Guy Dedieu, avocat au barreau de l'Ariège : «Christian D... savait que ces bulletins ne pouvaient pas servir. Pour voter par correspondance, il faut une autorisation écrite du directeur de la maison d'arrêt, accordée sans difficultés à certaines conditions, comme des congés». Bref, selon l'avocat, les faux étaient inutiles.
Du côté de la partie civile (deux surveillants réclament des dommages et intérêts), les mots sont durs : «C'est un coup de poignard dans le dos de ses propres collègues, souligne leur avocat toulousain».
Karline Bouisset, procureur de la République, réclame de son côté une sanction exemplaire. «Ce surveillant s'est laissé emporter par sa passion pour son syndicat et par les enjeux de cette élection, fait remarquer la magistrate. Ce comportement impose une sanction sévère». Et d'ironiser : «Il était censé être plus honnête que les gens dont il a la charge».
Douze mois de prison avec sursis, et une interdiction d'exercer pendant cinq ans, c'est la peine demandée par le procureur de la République. Le jugement a été mis en délibéré au 4 juillet. Hier, à l'audience, Christian D... était absent. Il n'aurait pas eu le cœur d'«affronter le regard de ses anciens collègues», selon son avocat. Depuis les faits, il est en arrêt de maladie.
La Dépêche
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