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samedi 20 août 2016

Un détenu de la prison de Seysses voulait installer une piscine gonflable dans sa cellule

Un détenu de la maison d'arrêt de Seysses voulait installer une piscine gonflable dans sa cellule. 

La maison d'arrêt de Seysses./DDM, archives.

L'objet venait de lui être remis en catimini lors d'une visite au parloir. Un surveillant a découvert le pot-aux-roses.

Un détenu de la maison d'arrêt de Seysses a voulu transformer sa cellule rudimentaire en une confortable chambre d'un hôtel quatre étoiles.



Souffrant d'un mal de dos et sans doute de la chaleur, il est parvenu à se faire transmettre, lors de la visite d'un proche au parloir de la prison, fin juillet, une piscine gonflable pour soulager ses douleurs lombaires et gagner un peu fraîcheur dans la torpeur de l'été.

De quoi améliorer son cadre de vie derrière les barreaux. Mais le précieux objet en matière plastique, plié et dissimulé sous les vêtements du détenu, a été découvert par un surveillant après la visite au parloir, brisant ainsi tout rêve de baignade.

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Conseil de discipline

D'ordinaire ce sont des téléphones portables ou de faibles quantités de produit stupéfiants qui sont saisis. L'année dernière, une piscine gonflable entièrement pliée avait été jetée du haut des murs de la prison à destination d'un détenu. Le colis avait été récupéré par terre par les surveillants.

Mercredi 17 août, le jeune homme de 25 ans, en détention provisoire dans une affaire de vol instruite à Toulouse, a été convoqué par l'administration pénitentiaire pour un conseil de discipline en bonne et due forme. Il a dû s'expliquer sur la présence de la piscine gonflable, qui une fois dépliée pouvait atteindre 1,80 m de diamètre sur 45 cm de haut.

«Un objet qui n'a rien de dangereux et en période de forte chaleur, l'été, on peut comprendre son utilité. D'autant que mon client souffre d'un problème au dos. Le fait de s'allonger dans l'eau pouvait le soulager», indique l'avocat du jeune détenu, Me Christian Etelin. Le détenu avait aussi dissimulé un téléphone portable. Il comparaissait également devant le conseil de discipline pour des outrages envers un surveillant. Il a écopé de 14 jours de cellule disciplinaire.

Un surveillant : «Un jour lors d'une fouille, on a même découvert un poisson rouge»

Alors qu'une piscine gonflable a été retrouvée dans la cellule d'un détenu de la maison d'arrêt de Seysses, quels objets interdits découvre-t-on en prison ? C'est la question que nous avons posée à Pierre Montreuil, responsable régional du syndicat des surveillants non-gradés (SPS).

Des piscines gonflables, on en retrouve souvent à Seysses ?

C'est la première qu'on découvre cette année. Nous l'avons trouvée lors d'une fouille au retour-parloir. Mais l'été dernier, on en avait déjà récupéré une.

Des objets marginaux qui n'ont rien à faire en prison, on en confisque beaucoup ! On retrouve surtout une pléiade de téléphones, dont les derniers modèles d'Apple et de Samsung. On saisit aussi de nombreux stupéfiants, des consoles de jeux portatives, des clés USB. Il y a environ trois mois on est même tombé sur un poisson rouge dans une cellule. Il a été saisi à l'issue de la fouille.

Ces objets interdits sont-ils de plus en plus nombreux ?

Il y a dix ou douze ans, il y avait beaucoup moins de téléphones portables en circulation. Les objets marginaux qui n'ont rien à faire en prison, il y en a beaucoup plus qu'à l'ouverture de la prison, en 2003. Sans avoir en tête les chiffres officiels, je dirais qu'il y a une augmentation de +300%.

Comment ces objets finissent-ils dans les cellules ?

Ils atterrissent le plus souvent en prison après des projections réalisées depuis l'extérieur de la prison. Des détenus s'échangent également directement des objets de cellule en cellule, à travers des caillebotis, dont beaucoup sont totalement détruits ou en mauvais état. Il y a suffisamment de place pour faire passer un poste de radio ou des plaques chauffantes pour cuisiner, par exemple.

Comment détecter ces objets ?

Des fouilles sont faites quotidiennement. Certaines sont programmées, d'autres ont lieu lors du sondage des barreaux. Les locaux communs sont systématiquement contrôlés.

Et nous réalisons des palpations sur les détenus, mais pas de fouille intégrale. Par contre, la réglementation ne nous permet pas de faire des fouilles inopinées, comme c'était le cas il y a encore une dizaine d'années.

Ce qui se pratique de plus en plus, ce sont les fouilles sectorielles, dans lesquelles une ou plusieurs cellules sont passées au peigne fin à la suite des observations effectuées par les surveillants, avec l'autorisation du chef pénitentiaire. La réglementation n'est pas toujours adaptée. A Seysses, la gendarmerie procède souvent à des interpellations d'individus en train de jeter des objets.

Quelles sont les pistes pour enrayer ce phénomène ?

Notre système est au bout du rouleau. Il y a d'abord un manque de moyens humains. A Seysses, il faudrait au moins une quinzaine d'agents supplémentaires. Il y a également un manque de moyens matériels. Notre syndicat avait demandé il y a un an à l'administration d'acheter des brouilleurs de téléphone nouvelle génération. On n'a jamais rien vu...

La Dépêche

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