Dix membres d’une famille mulhousienne - et un onzième individu - ont été condamnés hier par le tribunal correctionnel de Colmar, notamment pour avoir contribué à introduire et même « parachuter » de la résine de cannabis dans des prisons.
Une trentaine de policiers et gendarmes étaient mobilisés hier devant et à l’intérieur de la salle d’assises du Haut-Rhin, mais c’est bien le tribunal correctionnel - et non la cour - qui a jugé onze prévenus, pour des délits uniquement.
Il était reproché à tous d’avoir « cédé » des stupéfiants (ou d’en être complice), à la plupart d’avoir communiqué par téléphone avec des détenus, et à l’ensemble de faire partie d’une « association de malfaiteurs » , courant 2015.
Par-dessus les murs
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Si la journée d’audience s’est déroulée dans le calme, une attention particulière était portée à deux des mis en cause : Francis Dorffer, 32 ans, qui purge actuellement une très longue peine, et son beau-frère Morad Makhlouf, un Mulhousien de 29 ans.
Déjà condamné 21 fois, y compris en avril dernier pour détention de munitions et de produits explosifs, ce dernier était le seul, hier, à comparaître pour apologie du terrorisme (en plus des autres infractions), à la suite de propos tenus depuis sa cellule sur une plateforme de tchat, après les attentats du 13 novembre 2015.
Pour ce qui concerne le cœur du dossier, tout a commencé par la révélation d’un détenu, se disant victime de pressions de la part de Francis Dorffer, qui l’aurait incité à téléphoner pour faire rentrer de la résine de cannabis.
Les écoutes téléphoniques ont mené les enquêteurs à Leïla, compagne de Francis Dorffer et sœur de Morad Makhlouf, qui semblait leur ramener du « shit » de temps à autre : au parloir de la maison centrale d’Ensisheim pour son compagnon, et même « par parachutage » au centre de détention de Saint-Mihiel (Meuse) à destination de l’aîné de ses frères.
Une tentative a en tout cas échoué, puisque les surveillants ont trouvé, dans la cour de Saint-Mihiel, 93 grammes de cannabis dans un filet à oignons, lancé par-dessus l’enceinte pour Morad Makhlouf.
Seul prévenu, hier, à ne pas avoir de liens familiaux avec les autres, un homme de 32 ans a reconnu avoir véhiculé Leïla puis avoir lancé le « colis » : « J’avais une dette envers un ami détenu là-bas, c’était pour m’en acquitter » , a reconnu hier le trentenaire, qui n’a pas confirmé ses premières déclarations, comme quoi cela aurait permis à cet ami d’être « protégé » par Morad Makhlouf.
Par ailleurs, un autre frère Makhlouf a admis avoir reçu un morceau de shit et une recharge téléphonique au parloir de la maison d’arrêt de Mulhouse. Si d’autres frères et sœurs sont impliqués, c’est qu’ils ont alimenté au moins une fois une « cagnotte familiale » pour leur acheter du shit, ne serait-ce que par quelques euros.
« On ne peut pas réduire ce dossier à un petit trafic par solidarité familiale : s’il est très regrettable de ne pouvoir empêcher les stupéfiants et les téléphones en prison, cela reste interdit. En faire rentrer en prison, c’est peut-être un moyen d’obtenir d’autres services, d’asseoir une autorité… » , a souligné la vice-procureure Stéphanie Issenlor-Persico, en requérant des peines de dix mois avec sursis jusqu’à quatre ans ferme.
Jusqu’à 30 mois ferme :
Le tribunal a relaxé tous les prévenus d’ « association de malfaiteurs » , une qualification vivement critiquée par les avocats de la défense. Lesquels ont mis en avant « la banalité de l’affaire » , Me Gross citant le chiffre de 30 000 téléphones saisis l’an dernier dans les prisons françaises…
Pour tous les autres délits, en fonction des antécédents judiciaires et des degrés d’implication, les onze prévenus ont été condamnés à des peines s’échelonnant de sept mois avec sursis jusqu’à 30 mois de prison (avec maintien en détention), pour Morad Makhlouf. Sa sœur aînée Leïla a écopé de deux ans dont un ferme, son beau-frère Francis Dorffer de huit mois, et Mansur Avci, l’un des deux beaux-frères ayant fourni du cannabis, de 18 mois ferme.
L'Alsace
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