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mercredi 7 septembre 2016

Les confidences de Mehdi Nemmouche à un détenu ont fuité

Le djihadiste révèle qu’il se sentait surveillé bien avant l’attentat au Musée juif à Bruxelles.


© DR

Nemmouche a-t-il été surveillé avant son passage à l’acte au Musée juif de Bruxelles ? C’est en tout cas ce qu’il a affirmé à un co-détenu, le 28 juillet 2014 à la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy (Yvelines).



À ce moment-là, Mehdi Nemmouche croupit dans une cellule du quartier d’isolement en attendant son extradition vers la Belgique. Et il s’ennuie. Il entame alors une « longue conversation » avec un autre détenu qui se fait appeler « Abou Ismaël ».

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L’homme est incarcéré pour être allé combattre en Syrie. Mais ce que les deux détenus ignorent, c’est que leurs conversations sont rapportées par un surveillant. Ses notes finiront dans un rapport de l’administration pénitentiaire, «  daté du 30 septembre 2014 et signé du directeur de la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy  », rapporte Mediapart qui a pris connaissance du document.

Alors que Nemmouche ne cesse d’invoquer son droit au silence et que son avocat répète son innocence dans la tuerie du Musée juif, il se montre beaucoup plus loquace en prison. Auprès d’« Abou Ismaël », il avoue aussi son crime se disant «  heureux  » parce qu’il y avait «  quatre juifs de moins sur terre qui étaient repartis dans un cercueil en Israël  ». Une référence directe aux victimes du musée juif.

Nemmouche se sentait surveillé…

Que retenir des confessions de Nemmouche ? Tout d’abord, il confirme avoir été en liaison avec Abdelhamid Abaaoud, coordinateur des attentats de Paris pour le compte de l’organisation terroriste Etat islamique. Le 16 janvier 2014, Mehdi Nemmouche, alors en Turquie, téléphone durant 24 minutes au djihadiste belge. Mais l’élément le plus intrigant des confidences du djihadiste français concerne son séjour en Asie.

Après avoir séjourné un an en Syrie et être passé en Turquie, part pour la Malaisie en février 2014. Il y séjourne un mois et demi ponctué d’escales à Singapour et à Bangkok, avant d’atterrir à Francfort et de disparaître jusqu’à la tuerie du Musée juif. Il révèle à « Abou Ismaël » qu’il détecte en Asie ce qu’il estime être une surveillance policière.

Lors de son séjour à Singapour, il rencontre « un Japonais » – un Asiatique francophone – qui l’aurait «  roulé  ». Le Japonais aurait insisté pour regarder son passeport, prétextant n’en avoir jamais vu de français. Il l’interroge également sur les visas algériens, libanais et turcs tamponnés, lui demande pourquoi il s’est rendu là-bas. Nemmouche se fait passer pour un marchand de textile et avance des raisons professionnelles. Suspicieux, le Français coupe court à la rencontre. Mais le lendemain, le Japonais le retrouve et prétexte tomber sur lui «  par hasard  ». Nemmouche croit à un espion pas très discret.

… mais l’était-il vraiment ?

Mehdi Nemmouche était-il l’objet de filature ? Possible, si l’on en croit Mediapart qui rapporte que deux services français disposent d’une antenne à Singapour : la DGSE et la direction de la coopération internationale (DCI). Jointe par le média d’enquête français, la DGSE se refuse à tout commentaire. Mais une source proche du dossier estime que «  la scène décrite par Mehdi Nemmouche ne correspond pas aux modes opératoires d’approche  ». De son côté, la DCI estime que ce ne sont «  ni ses méthodes ni son métier  ».

Ce qui est en revanche certain, c’est que Mehdi Nemmouche est à l’époque de son séjour en Asie déjà fiché S et inscrit au système d’information Schengen (SIS). Ce qui déclenchera une alerte lors de son retour en Europe, le 18 mars 2014, lorsqu’il passe le contrôle des passeports à l’aéroport de Francfort.

Dix mois plus tard, le 24 mai 2014, Mehdi Nemmouche tue quatre personnes au Musée juif de Bruxelles avant d’être interpellé avec sa kalachnikov, le 30 mai, à Marseille.

Le Soir

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