Le détenu qui a violemment agressé deux surveillants dimanche dans une unité de prévention de la radicalisation de la prison d'Osny a été mis en examen jeudi par un juge antiterroriste, tandis que la garde à vue de trois autres détenus a été levée.
En revanche, la garde à vue de trois autres détenus de la maison d'arrêt a été levée jeudi.
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Devant les enquêteurs, Bilal Taghi "a reconnu et revendiqué vouloir tuer un gardien de prison", selon une source proche du dossier.
Selon une source à l'Administration pénitentiaire, il s'agit de la première agression de cette ampleur dans l'une de ces unités de regroupement de détenus radicaux dont l'efficacité et la sécurité font débat.
Condamné le 23 mars pour un voyage avorté vers les terres du jihad syrien, le détenu a expliqué en garde à vue qu'"il voulait passer à l'acte immédiatement au nom de Daech", acronyme du groupe Etat islamique, "sans attendre de sortir de prison" et "faute d'avoir pu partir en Syrie", selon la source proche du dossier.
Le détenu a exécuté seul son projet mais les investigations devront s'attacher à déterminer s'il existait "une action concertée, plus globale" ciblant les agents pénitentiaires de cette maison d'arrêt du Val-d'Oise.
L'agression, qui a suscité un vif émoi chez les surveillants, s'est déroulée dimanche, dans cette unité spécialisée, l'une des cinq expérimentées en France.
Dans l'après-midi, un surveillant vient chercher Bilal Taghi pour l'emmener à la promenade. Il est frappé à plusieurs reprises avec un couteau artisanal fabriqué avec un morceau de métal de 15 cm. Un collègue vient à son secours, il est lui aussi blessé.
Alors que l'agent prend la fuite, le détenu le poursuit et le frappe "par derrière, dans le cou", selon le récit du délégué régional FO Jérôme Nobécourt syndicaliste confirmé par une source proche du dossier. L'agression se déroule aux cris d'"Allah Akbar".
Avec le sang des victimes, il dessine ensuite un coeur sur une fenêtre avant de foncer "arme à la main et souriant", en direction des renforts, relate le syndicaliste.
- Appels aux meurtres -
Le parquet antiterroriste s'était saisi de cette agression, qui apparaît comme la première action jihadiste fomentée en prison, un écho aux appels aux meurtres lancés par Larossi Abballa, l'auteur du double assassinat d'un policier et de sa femme: le 13 juin, il avait appelé à tuer des policiers et des gardiens de prison dans une vidéo diffusée sur Facebook après son crime.
Les deux surveillants d'Osny sont hors de danger mais l'attaque a redoublé les craintes des syndicats qui seront reçus prochainement à la Chancellerie.
Opposé depuis l'origine à l'expérimentation de ces unités spécialisées menée dans quatre prisons, le principal syndicat pénitentiaire l'UFAP UNSa Justice a demandé lundi "l'arrêt immédiat de cette +hérésie" et "la mise en place de structures adaptées et sécurisées".
Bilal Taghi, "arrivé depuis environ trois mois dans l'unité", ne posait "pas de problème particulier", selon le délégué régional FO Jérôme Nobécourt.
En mars, il avait été condamné à 5 ans de prison pour un voyage avorté vers la Syrie, dans la foulée des attentats contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher de janvier 2015. Avec sa femme, son bébé et des amis, il était parti de Trappes (Yvelines) le 17 janvier avec l'intention de rejoindre le groupe État islamique en Syrie. Leur voyage s'était arrêté dans un accident de voiture en Turquie.
Désigné comme "l'émir" du groupe, Bilal Taghi a baigné dans un environnement familial imprégné par l'islam radical: ses deux frères Abdelhafid et Khalid étaient partis rallier les rangs de l'organisation jihadiste et sont probablement morts.
"J'ai eu envie d'aller rejoindre l'EI, de combattre avec eux", avait reconnu Bilal à la barre du tribunal. Mais selon lui, le but du voyage a changé avec la mort de Khalid: il voulait alors ramener Abdelhafid, ce frère aîné, qui lui avait transmis dès 2013 "une certaine attirance pour l’État islamique".
La Croix
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