Le centre de détention applique le programme Respect, basé sur le volontariat et l'apprentissage ou le réapprentissage des règles. Trois clés pour comprendre
Ce mardi matin, le garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas présentait un rapport sur l'encellulement individuel. Il a notamment annoncé la création de 10.000 à 16.000 nouvelles cellules d'ici 2025.
Alors que les conditions de vie dans les prisons françaises et la surpopulation carcérale sont sous les feux des projecteurs, une partie du centre de détention de Neuvic, en Dordogne, expérimente depuis un an le programme Respect. Une "lueur d'espoir", selon Thierry Dumonteil, représentant Force ouvrière au sein de l'établissement. Explications.
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1. Comment ça marche
"Le programme Respect est inspiré du modèle espagnol “Respecto”, en place depuis quinze ans. Cela fonctionne comme les bons points à l'école, mais à l'envers, exposeThierry Dumonteil. Les détenus sont soumis à des contraintes : se lever à 7 heures du matin, faire le lit, nettoyer la cellule. Ils doivent participer aux tâches collectives : nettoyer le bâtiment, passer la serpillière, faire les vitres, laver les douches, ramasser les poubelles et les mégots. Si le détenu se comporte mal, au bout d'un certain nombre de points en moins, il repart en détention normale. En contrepartie, les détenus ont plus de liberté. Ils peuvent par exemple se rendre dans une autre cellule, dans un autre étage."
2. Des détenus volontaires
Le programme repose sur l'apprentissage ou le réapprentissage du respect des règles par les détenus. "Personne n'est trié sur le volet, assure Thierry Dumonteil. Cela marche uniquement sur la base du volontariat. Au sein du module, la personne détenue est partie prenante du programme : force de proposition, acteur du fonctionnement du bâtiment (repas, hygiène, activités). Nul ne peut se dispenser d'y respecter les plus petites règles : se lever, être actif, ne pas être bruyant, participer à la vie collective. Car respecter les petites règles est le premier pas indispensable pour se respecter soi-même et donc les autres."
3. Des résultats encourageants
"Le non-respect des règles entraîne le retour dans l'ancienne prison, le bruit et tout le reste… Le retour dans la “jungle”, comme certains l'appellent, précise le syndicaliste. Et, aussi surprenant que cela puisse paraître, les détenus font tout pour que cela ne leur arrive pas. Les relations s'apaisent avec les personnels qui, du coup, peuvent mieux tenter de répondre à leurs problèmes. 92 détenus sur 380 participent au programme à Neuvic. On y trouve des détenus qu'on n'arrivait pas à gérer avant."
"Le mal qui ronge les agents, c'est la fatigue morale. Là, les surveillants pénitentiaires sont moins fatigués moralement, étant moins exposés à la violence, aux insultes, aux cris. Le travail est différent, plus soutenu car il faut tout contrôler, mais plus intelligent et plus satisfaisant. Le résultat se mesure statistiquement : pas d'agression verbale ou physique dans le module de Respect à Neuvic depuis son ouverture. Un absentéisme des personnels considérablement réduit. Une note positive et lumineuse, donc, dans le paysage pénitentiaire d'habitude si sombre."
"Les surveillants font ce qu'ils peuvent"
Le tableau que dresse Thierry Dumonteil de "l'autre" prison de Neuvic, celle qui n'applique pas le programme Respect, est sombre. "Les détenus circulent dans les couloirs la casquette vissée sur la tête, la cigarette à la bouche, criant en permanence. Le mode de communication privilégié est l’agressivité, la revendication. La plupart des cellules sont des grottes sombres, sales et surencombrées. Dans cet univers-là, “péter un plomb” est le moyen “normal” pour de trop nombreux détenus de demander quelque chose à un personnel pénitentiaire. Les surveillants font ce qu’ils peuvent, dans l’état de fatigue où ils sont, compte tenu des sous-effectifs."
Sud Ouest
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