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samedi 10 septembre 2016

Tahiti - LE RADICALISÉ DIT S’ÊTRE ADOUCI

Il écope de six mois

radicalisé

Il était sur les bancs du tribunal pour la deuxième fois en deux semaines et pour les mêmes faits. Mis à part la présence de gendarmes cagoulés, l’audience d’hier a pourtant pris une autre tournure.

“Je vais arrêter cela”, avait confié T.V., l’un des trois fichés “S” du fenua, à son avocate, à l’issue du verdict prononcé la semaine dernière.



“Il a compris que la voie de l’islamisation était dangereuse pour lui et son parcours judiciaire.”

Le jeune homme de 26 ans a assimilé que faire l’apologie du terrorisme rendait son séjour en détention plus difficile.

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C’est donc vêtu d’un tee-shirt siglé “Jésus” — “il lit désormais la bible”, a précisé son avocate Me Hayoun — qu’il s’est présenté à l’audience.

Être en cellule d’isolement sans télévision provoque l’ennui de cet ancien greffeur perliculteur mais, c’est surtout le traitement qui serait infligé par des surveillants de Nuutania qui suscite son courroux.

“Ils m’insultent, ils m’appellent Mohammed, Daesh, Boko Haram, Allah Akbar. Ils me disent de raser ma barbe. Je ne suis pas un meurtrier. Je veux juste que l’on me respecte, que l’on m’appelle par mon prénom”, a-t-il expliqué, ayant souvent du mal à laisser le juge développer le dossier.

“La veille de l’incident, j’ai dit bonjour au surveillant. Il m’a insulté. Parfois, il tape sur ma porte. C’est normal que les détenus soient menacés ?”, a-t-il tenté d’interroger le juge.

La veille, samedi dernier, de retour de l’hôpital psychiatrique où il avait été interné après son jugement de la semaine précédente, sa réintégration a, de nouveau, été le théâtre de violences.

Le détenu n’aurait pas apprécié une fouille intégrale. N’obtenant pas satisfaction pour récupérer son short, et se sentant humilié, il a assené un coup de poing au visage de l’un des agents, avant de rater les coups suivants et d’être maîtrisé facilement par les autres surveillants.

“Ils avaient laissé des baguettes de soudure de 20 cm dans ma cellule, j’aurais pu m’en servir. Ils veulent que je fasse du mal en prison”, s’est défendu T.V.

Une information confirmée par la suite. Le jeune homme avait arraché un barreau pour agresser un agent. Ce qui lui avait valu sa précédente condamnation, et le barreau avait été ressoudé avant sa réintégration.

Une attitude qui a donc tranché avec celle constatée la semaine précédente mais qui n’a pas convaincu l’avocat du centre pénitentiaire.

“Je ne crois pas en cette résilience parce qu’il porte un tee-shirt Jésus et lit la bible. Il est violent, même sous médicament. Il essaie de parler aux autres détenus de ses idées radicales. Il menace s’il va à l’isolement. Toute la journée, c’est comme cela. Cela fait régner une ambiance épouvantable dans la prison. Il essaie de diffuser sa doctrine assassine. L’administration pénitentiaire ne sait plus quoi en faire, et là, il essaie de nous endormir.”

Pour le procureur, T.V. “s’attaque à l’autorité de l’État via les agents de la prison. Il engage un bras de fer. Il va le perdre”.

Au vu de nouvelles expertises psychiatriques qui confirment des troubles de la personnalité mais infirment l’idée d’une déficience mentale, “le seul traitement est la condamnation ferme”, le procureur a requis 18 mois de prison.

Maître Hayoun, l’avocate de T.V. a voulu mettre en avant le fait qu’il s’agit du “même individu, mais plus calme” et s’insurger contre l’humiliation de la fouille intégrale “punie par la cour européenne de justice”, contre les insultes qui auraient été proférées.

“Les gardiens doivent être au-dessus de la mêlée”. Elle a ensuite rappelé le parcours de cet enfant abandonné à deux ans, délinquant à onze ans qui vit “un chaos mystique”.

Suicidaire et en manque d’attention, seul Florès, le Fiché S qui l’a converti “lui a tendu la main, il l’a saisie”. Elle évoque le fait que la nouvelle rédemption et le désir du prévenu de ne plus faire de vague viennent du prof de sport de la prison.

“Il lui a promis que, s’il se tenait un mois tranquille, il lui offrirait une paire de baskets.” Les juges ont finalement condamné T.V. à six mois de prison ferme.

La Dépêche de Tahiti

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