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jeudi 13 octobre 2016

Des détenus radicalisés suscitent l'inquiétude des surveillants

Le transfert à Domenjod de quatre détenus saint-pierrois soupçonnés de radicalisation islamiste inquiète au plus haut point un syndicat de surveillants, qui demande leur transfert en métropole.


«Radicalisation, la gangrène à Domenjod ». C'est le titre alarmiste d'un communiqué diffusé hier par l'antenne locale du syndicat Ufap-Unsa Justice aux personnels de l'administration pénitentiaire.



En cause, le transfert au centre pénitentiaire du nord de quatre détenus saint-pierrois de 19 à 28 ans, soupçonnés d'être des islamistes radicaux et candidats au jihad.

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Condamnés mercredi dernier à Saint-Pierre pour une série de vols aggravés, les quatre hommes se seraient rapidement fait remarquer à la prison de Cayenne. « Ils se sont vite présentés comme des radicaux, qui voulaient prier partout et tout le temps, notamment en promenade, confie un surveillant saint-pierrois. Comme cette prison est vétuste et inadaptée et qu'on a peur du prosélytisme, on a demandé leur transfèrement à Domenjod. »

Ni l'administration, ni le parquet de Saint-Pierre n'ont voulu hier en confirmer les raisons, mais ce transfèrement a bien été réalisé lundi. Et c'est un incident survenu mardi après-midi, alors qu'un surveillant emmenait l'un d'eux, « le plus virulent », à l'infirmerie, qui a mobilisé le syndicat.

Réunionnais converti âgé de 28 ans, Mickael Z. aurait tenu en créole « des propos inquiétants », selon cet agent. Il aurait d'abord voulu lui expliquer « la signification du mot jihad. » Puis il aurait déclaré que « le président Hollande et le directeur de la prison étaient des menteurs », que les gardiens étaient « des toutous » à la solde de l'État, relate le rapport fait par le surveillant à ses supérieurs. « Il a alors demandé pourquoi il n'y avait pas plus d'associations musulmanes à la Réunion qui pourraient l'aider à partir en Syrie avec sa famille », raconte encore l'agent, avant de faire état de menaces selon lesquelles « les surveillants en cols bleus qui voudraient l'embêter, ils leur mettrait 30 jours d'ITT (interruption temporaire de travail). »

D'après l'Ufap-Unsa, deux des quatre hommes sont "fichés S", et l'un d'eux a été placé en quartier d'isolement. Selon nos informations, le plus jeune est en outre mis en examen dans l'affaire de la filière dite "de l'Égyptien", démantelée en juin 2015 à Saint-Denis. La seule affaire d'association de malfaiteurs à vocation jihadiste jamais élucidée dans le département (lire par ailleurs).

Hier, le représentant Ufap-Unsa de Domenjod, Nicolas Calogine, réclamait le transfert de ces quatre détenus en métropole. « Il y a un risque de contamination aux autres détenus, nos prisons ultramarines ne sont pas équipées pour faire face », a-t-il expliqué au JIR.

Le syndicaliste appelle également ses collègues « à redoubler de vigilance » et l'administration à faire « un usage pertinent de l'argent reçu dans le cadre du plan de lutte antiterroriste. »

Réelle inquiétude ou posture syndicale ? Le syndicat majoritaire à Domenjod, FO Pénitentiaire, partage cette analyse de l'inadaptation des prisons réunionnaises à la prise en charge de propagandistes jihadistes, mais estime que la problématique n'est pas encore significative à la Réunion. L'administration n'a pas souhaité répondre à nos sollicitations.

Clinacoo

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