Dans l'objectif de se faire transférer, un détenu du centre de détention d'Argentan n'a pas hésité à prendre son codétenu en otage. Il restera en prison un peu plus longtemps.
Le tribunal correctionnel a condamné un homme de 29 ans à 18 mois de prison dont six mois avec sursis et mise à l’épreuve pour violence avec menace d’une arme et menace de mort avec ordre de remplir une condition. Il avait pris un codétenu en otage dans sa cellule menaçant de lui faire du mal s’il n’était pas transféré dans une autre prison.
“Nous irons aux Assises”
Liens commerciaux :
Les faits sont anciens, ils ont été commis le 6 mars 2013. Ce jour-là, le prévenu s’était rendu dans la cellule d’un codétenu et lui avait attaché les pieds et les mains avec des morceaux de draps. Il avait ensuite sonné à l’interphone exigeant du surveillant de parler au directeur de la prison.
Le gardien voyant le codétenu ligoté sur la chaise avait prévenu son chef expliquant qu’il menaçait d’égorger le détenu avec une arme artisanale faite avec des plaquettes en bois et des lames de rasoir.
« Si dans 30 minutes le directeur ne vient pas vous allez voir nous irons aux Assises » aurait déclaré le prévenu. Le directeur étant absent, la directrice adjointe était intervenue et avait parlementé avec lui. Il avait finalement détaché le codétenu puis avait été transféré au quartier disciplinaire.
« Je voulais être transféré car je subissais des pressions », a expliqué le prévenu à l’audience. Il aurait subi des pressions pour faire entrer des stupéfiants au centre de détention. Il précise que le codétenu était d’accord avec lui, « je ne voulais lui faire aucun mal, il s’est laissé faire ». Il ajouté qu’il était conciliant sachant que cela allait lui rendre service. Suite à cette prise d’otage, le prévenu avait été incarcéré à Caen.
Un complot
Le codétenu a, quant à lui, contesté les déclarations du prévenu.
« Il ne s’agit pas d’un complot organisé par eux deux, il était incarcéré à Argentan depuis trois mois, quel intérêt aurait-il eu de rentrer dans cette combine et d’augmenter son délai en centre de détention ? », a déclaré son avocate. Elle a demandé 3 000 € de dommages et intérêts.
« C’est un dossier qui a un contexte. La première moitié de l’année 2013 a connu une série de prises d’otages fondée sur l’idée que l’on obtiendrait plus facilement son transfèrement », a précisé Hugues de Phily, procureur de la République.
« Ce phénomène a été combattu à coups de compartutions immédiates. De nombreuses sanctions judiciaires sont tombées. Les détenus sont restés incarcérés sur place à Argentan », a-t-il précisé. « Il a commis ces délits graves et l’administration pénitentiaire a cédé », a-t-il regretté.
« Il essaie de se faire passer pour une victime mais ce qui s’est passé ce jour-là est brutal. Il avait un comportement agressif. C’est intolérable, il est allé jusqu’à conduire l’administration pénitentiaire à plier, il faut qu’il paie », a ajouté le procureur avant de requérir une peine de 18 mois de prison dont six mois avec sursis et mise à l’épreuve avec obligations.
Le tribunal a suivi les réquisitions du ministère public. Mickaël Chakar, a été condamné à 18 mois de prison dont six mois avec sursis et mise à l’épreuve durant deux ans avec obligation de travailler et d’indemniser la victime, obligation de soins et interdiction d’entrer en contact avec la victime à qui il devra verser 500 € de dommages et intérêts toutes causes de préjudices confondus ainsi que 450 € pour les frais de procédure.
Le Journal de l'Orne
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire