Le garde des Sceaux a loué les qualités de l’établissement riomois, et en a fait l’exemple à suivre pour les 33 prisons à construire en France.
En visite au centre pénitentiaire de Riom, hier après-midi, il n'a cessé de citer l'établissement en exemple : « Quand on aura décidé de construire, il faudra savoir ce que nous construirons. La découverte, même rapide, de l'établissement, apporte de nombreux éléments.
L'architecture dit beaucoup de chose du projet que doit construire l'administration pénitentiaire […] L'administration pénitentiaire doit se doter d'une doctrine architecturale (*) ». Et celle-ci pourrait être basée sur le modèle riomois.
Favoriser la réinsertion
Liens commerciaux :
Les cellules du centre pénitentiaires de Riom sont individuelles. Mais déjà, au centre de détention, il ne reste que 12 places. La priorité va donc être donnée aux locaux.
« J'ai fait de la lutte contre la surpopulation, et donc de l'encellulement individuel, mon chemin principal au sein de l'administration pénitentiaire, a déclaré Jean-Jacques Urvoas. Je pense qu'il faut enfin que nous prenions les moyens de respecter la loi qui date de 1875 ».
Le ministre s'est également intéressé à la spécificité du centre pénitentiaire riomois : une des deux maisons d'arrêt est en régime ouvert, les détenus peuvent aller et venir. Un concept inspiré du modèle espagnol baptisé "Respecto". Pour l'instant, 80 personnes bénéficient de ce régime spécial sur les 120 places disponibles. Même s'il est encore trop tôt d'après le directeur du centre pénitentiaire Pascal Moyon pour tirer un premier bilan, après 9 mois de fonctionnement, cette responsabilisation veut favoriser la réinsertion. Et en ce domaine, l'établissent riomois est également pilote, il est classé établissement de réinsertion active (ERA), il n'en existe que deux autres en France, à Valence et Beauvais.
20 postes vacants
Mais pour les syndicats, qui ont rencontré le garde des Sceaux à l'issue de la visite officielle, tout n'est pas si parfait. Bruno Lucchini (CGT), est même réservé : « Il est regrettable que l'établissement, qui est certes novateur, n'ait pas de ligne directrice, ni de projet d'établissement. On ne peut pas se contenter du fait que certains détenus soient purement et simplement enfermés. Il faut une vision plus globale. Les personnels sont volontaires pour créer ce fil rouge, il suffit de s'appuyer sur eux ».
Mais le problème majeur pour Nicolas Machette (FO), « c'est la frustration de ne pas bénéficier des ressources humaines pour appliquer toutes les nouveautés et les possibilités qu'offre cet établissement de réinsertion active ». Actuellement, syndicats et direction s'accordent pour dire qu'il manque dix-huit agents surveillants et deux personnels administratifs.
Pour faire face à cette vacance de postes et ce travail à flux tendu pour les agents, le ministre de la Justice a rappelé hier à Riom, le recrutement de 2.500 agents cette année, contre 1.200 l'an dernier. « Il nous a indiqué qu'il réfléchissait à agrandir le centre de formation à Agen ou à en créer un second », précise Alain Bernard (UFAP).
Lors de sa visite, Jean-Jacques Urvoas a également évoqué une modification du cadre juridique des fouilles, « jusqu'à présent restrictif ». Une bonne nouvelle pour le centre pénitentiaire riomois, car les produits venus de l'extérieur rentreraient essentiellement lors des parloirs (nos précédentes éditions). Les syndicats ont également alerté : trois portiques de sécurité ne peuvent être installés faute de prises électriques. Dans le cadre du partenariat privé-public, pour avoir de nouvelles prises électriques, la procédure est longue et complexe…
(*) Même si le ministre l'a glissé sous forme de boutade, il préférait que les terrains sur lesquels seront construites les futures prisons soient donnés.
La Montagne
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire