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mercredi 26 octobre 2016

Les détenus radicalisés condamnés à l'isolement

Le garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas, met en avant la sécurité dans les prisons pour justifier la fin des unités de déradicalisation.


Le regroupement des détenus radicalisés, c'est fini. Hier, le ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, a annoncé la fin des cinq unités dédiées ouvertes en début d'année.


L'expérimentation, lancée dans la foulée de l'initiative personnelle du directeur de la maison d'arrêt de Fresnes (Val-de-Marne) qui avait concentré fin 2014 les détenus poursuivis pour des faits de terrorisme dans la même coursive, est donc abandonnée moins d'un an après son lancement.

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La priorité est désormais de placer les prisonniers les plus radicalisés... à l'isolement. Même si le garde des Sceaux refuse de parler d'échec, c'est un revirement complet de la politique pénitentiaire dans un domaine où, il est vrai, personne n'a encore trouvé la recette miracle.

Critiquées notamment par la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté, les unités dédiées n'ont donc pas réussi l'examen de passage.

Principal grief identifié : l'absence d'évaluation des détenus placés dans ces quartiers. « Il y avait sans doute des personnes qui n'y avaient pas leur place », a admis Jean-Jacques Urvoas.

 « Une dynamique de groupe a pu, dans certains cas, invalider des avancées positives qu'une plus grande homogénéité des profils aurait sans doute préservées », détaille le rapport remis hier.

Seconde limite : l'absence de coordination et d'échanges entre les unités a nui à l'efficacité du dispositif. « Des erreurs ont été répétées », a ainsi regretté le garde des Sceaux.

300 places réservées aux profils les plus durs

Le nouveau plan met donc l'accent sur l'évaluation des détenus. Six « quartiers d'évaluation de la radicalisation » capables d'accueillir 120 détenus, pendant une période de quatre mois, vont être créés : à Fresnes, Osny (Val-d'Oise), dans la région de Bordeaux (Gironde), de Marseille (Bouches-du-Rhône) et deux à Fleury-Mérogis (Essonne).

Concernant la prise en charge des quelque 1 500 prisonniers radicalisés identifiés, 300 places seront réservées aux profils les plus marqués, c'est-à-dire aux prosélytes les plus durs. Ils seront placés à l'isolement et bénéficieront d'un suivi individualisé.

Pour ceux dont le diagnostic indiquera une propension à la violence moins marquée, des places leur seront réservées dans 27 établissements répartis sur tout le territoire. Là aussi, l'isolement devrait être la règle.

Le plan présenté hier est clairement placé sous le signe de la « sécurité pénitentiaire ». L'agression de deux surveillants au sein de l'unité spécialisée d'Osny, début septembre, par un détenu qui a depuis été mis en examen pour tentative d'assassinat à caractère terroriste a sans doute joué un rôle. Tout comme le meurtre du père Hamel à Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime) par un suspect qui était placé sous contrôle judiciaire.

La prévention de la radicalisation n'est pas pour autant abandonnée. L'approche pluridisciplinaire (psychologues, éducateurs...) — une des principales vertus des unités dédiées — est ainsi conservée.

Le Parisien

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