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lundi 7 novembre 2016

Gradignan (33) : trop de cellules à trois au centre pénitentiaire

FO dénonce la surpopulation de la prison. Ce qu’admet l’administration qui assure qu’elle gère.

Le projet de réhabilitation du centre pénitentiaire de Gradignan doit porter sa capacité à 600 places.

Introduit dans la loi française en 1875, puis à de multiples reprises jusqu'à la loi pénitentiaire de 2009, l'encellulement individuel des détenus est encore loin d'être une réalité. Pour le syndicat Force Ouvrière, le centre pénitentiaire de Bordeaux-Gradignan est même actuellement aux antipodes de cette obligation légale, exigée à l'échelle européenne.



Il y a quelques jours, Hubert Gratraud, délégué du SNP-FO, a vivement pointé le fait que vingt-trois cellules de l'établissement comptaient chacune trois détenus. Ce que le jargon des personnels pénitentiaires qualifie de « triplettes ».

"Au stade où nous en sommes, la situation pourrait être explosive"

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« Une situation incompréhensible, assure Hubert Gratraud. Gradignan est surpeuplée. On accueille à la fois des personnes placées en détention provisoire et des détenus condamnés qui accomplissent leur peine. Alors que pour eux, il y a de la place dans les centres de détention. On se demande pourquoi il n'y a pas plus de transferts. Mais lorsqu'on pose la question, on n'obtient pas de réponse. »

233 cellules

Selon le représentant de FO, l'effectif théorique du centre pénitentiaire de Gradignan est de 233 cellules. « Mais nous sommes actuellement à plus du double de détenus. L'administration raisonne en lits alors qu'on ne devrait parler qu'en terme de cellules. Comme certains doivent êtres isolés et que ceux qui sont incarcérés pour la première fois doivent être mis en cellule individuelle, on ne peut faire autrement que de mettre trois détenus dans certaines cellules. Pour un surveillant, ce n'est pas la même chose d'ouvrir une porte derrière laquelle il n'y a qu'une personne que d'être attendu par trois détenus. »

De nombreux prisonniers sont maintenus à Gradignan pour ne pas être éloignés de leur famille. « On le comprend parfaitement, dit Hubert Gratraud, mais au stade où nous en sommes, la situation pourrait être explosive. Ce que nous demandons, c'est que les règles européennes qui imposent de n'avoir qu'un détenu par cellule soient respectées. »

Gérer des hommes et des flux

En réponse à ces critiques, Alain Pompigne, directeur interrégional de l'administration pénitentiaire, assure que des décisions sont prises quotidiennement.

« Nous avons la double obligation de travailler sur des hommes mais aussi sur des flux. Il y a une donnée que l'administration pénitentiaire ne maîtrise pas, c'est le nombre d'arrivées et de départs, qui relève exclusivement du ressort de la justice. Lorsqu'il faut orienter un détenu vers un autre établissement, mes services parviennent à traiter le dossier en moins de quinze jours, alors qu'il faut impérativement obtenir les avis du procureur de la République et du juge d'application des peines. Lorsqu'on arrive à une situation d'encombrement trop importante, nous parvenons à faire baisser le niveau d'occupation dans un délai de deux ou trois jours. »

Nombre d'écrous phénoménal

Le directeur interrégional de l'administration pénitentiaire assure ainsi que depuis le début de l'année 143 personnes ont fait l'objet d'un déplacement rapide depuis Gradignan vers un autre lieu de détention et autant de détenus condamnés ont été transférés vers des centres de détention. « Cependant, il y a chaque semaine un nombre d'écrous phénoménal à Gradignan. C'est la décision des magistrats. Nous, notre rôle est de les prendre en charge dans des conditions convenables pour eux et pour les surveillants. Pour ce qui est des cellules triplées, s'il est vrai qu'il y en a eu jusqu'à 23 récemment, nous sommes parvenus, en quelques jours, à ramener ce chiffre à neuf. Mais en fonction des décisions de justice, cette situation peut évoluer d'un jour à l'autre. »

Si tant est que l'accroissement du nombre de places de prison soit la solution, le projet de réhabilitation du centre pénitentiaire de Gradignan, qui doit porter sa capacité à 600 places, est selon Alain Pompigne, sur les rails. « L'Agence pour l'immobilier de la justice a lancé les études préparatoires à l'appel d'offres. Ce travail, essentiel, est déjà bien avancé. L'appel d'offres devra ensuite être validé au plus haut niveau. La complexité du dossier de Gradignan est qu'il va falloir construire un établissement neuf sur une zone déjà bien occupée. Heureusement, il reste de l'espace disponible. Si tout se déroule normalement, on peut envisager la livraison en 2020 ou 2021. »

D'ici là, la gestion des seuils d'alerte, pour réguler, autant que faire se peut, les flux d'entrées et de sorties restera la règle.

Sud Ouest

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