Ce chiffre a été multiplié par six en trois ans dans les zones où c’est l’administration pénitentiaire qui gère les transfèrements des détenus, selon les conclusions accablantes de ce rapport auxquelles Europe 1 a eu accès.
En zone où l’administration pénitentiaire est compétente, près d'un détenu sur quatre ne peut pas être sorti de prison. Alors certes, la population carcérale a augmenté, mais les inspecteurs sont clairs, il y a manque de personnel pénitentiaire. La réforme n’a pas prévu assez de recrutements.
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"Un surveillant pour deux détenus et 60 heures sup' par mois". Un chiffre qui a explosé en 3 ans : en 2014, on comptait 4% d’"impossibilité de faire", 11% en 2015 et 24% à juin 2016. Dans certaines régions comme la Bretagne, c’est même 50%. "La semaine dernière, un gros procès d'un réseau mafieux devant la cour d'appel de Rennes se tenait, avec neuf surveillants pour 17 détenus, soit un surveillant pour deux détenus", se désole Emmanuel Baudin, délégué syndical SNP FO pour le Grand-Ouest pour qui "la sécurité n’était pas assurée".
Emmanuel Baudin pointe également la fatigue et la lassitude des agents : "Le personnel étant en sous-effectif, on fait des heures supplémentaires à ne plus en pouvoir". Au total, près de 60 heures en plus par mois. A Brest, 27% des audiences sont renvoyées par manque de personnel.
De Mont-de-Marsan à Agen pour faire traverser la rue. De surcroît, la répartition des équipes sur le territoire a été mal pensée. A Agen, pour que les détenus passent dans la même rue de la maison d’arrêt au tribunal, les agents viennent de Mont-de-Marsan, à 130 kilomètres de là. "Parfois, des collègues vont de Caen pour emmener des détenus à Brest", confirme Emmanuel Baudin pour le Grand-Ouest. Et d’asséner "On va dans le mur". Le syndicaliste ajoute : "Ils ont une arme à la ceinture s'il se passe quelque chose quand on est fatigué, je ne suis pas sûr que la réaction soit adaptée".
4 000 patrouilles de gendarmerie annulées en 2015. Pour pallier le manque d’effectifs, les magistrats réquisitionnent les gendarmes et les policiers. L’an dernier, la gendarmerie a annulé plus de 4 000 patrouilles pour aider la pénitentiaire. Et quand ils refusent, les audiences sont retardées ou renvoyées. Avec parfois même des détenus libérés, faute d’être présentés dans les délais. En moyenne, 1 tribunal sur 6 a dû remettre en liberté un détenu à cause de ces problèmes, comme ce trafiquant de drogue présumé libéré à Brest en juin dernier.
Mettre un pilote dans l’avion. Les hauts fonctionnaires qui se sont penchés sur ces dysfonctionnements n’y vont pas par quatre chemins. Parmi leurs quelques cinquante recommandations, il faut remettre un pilote dans l’avion. Nommer un directeur en charge de ce projet. Parmi les recommandations du rapport, une va faire grincer des dents place Beauvau – surtout dans le contexte actuel : continuer à s’appuyer sur les policiers jusqu’en juin prochain.
Europe 1
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