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mercredi 21 décembre 2016

Après six ans de prison, elle réapprend à vivre

Accusée du meurtre de son conjoint, Sonia (1) a passé près de six ans en prison. Elle est sortie en attendant son procès. Elle témoigne de ses premières semaines de liberté.

« Je suis sortie vers 17 h, après 71 mois et 15 jours dans cette prison. »

C'était un lundi. J'attendais la décision des juges. Des copines m'avaient dit : « C'est bon pour toi », après avoir lu l'article dans le journal, au lendemain de l'audience à la cour d'appel.


La matinée a filé. Je suis allée au sport. J'étais dans ma cellule, en début d'après-midi, quand une surveillante est entrée. Elle m'a donné des panières. Et m'a dit avec le sourire : « C'est votre tour madame. » Je m'attendais à une liberté conditionnelle avec un bracelet électronique, mais pas à une sortie d'un coup, comme ça.

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Les filles étaient contentes autour de moi. C'était un peu l'euphorie. Je me suis nourrie de cette joie. J'ai distribué les gâteaux que j'avais cantinés (2) le matin même. Je suis sortie vers 17 h, par la grande porte après 71 mois et 15 jours dans cette prison.

« Une Martienne qui débarque »

J'ai marché vers la gare pour trouver un taxi. Mon objectif, c'était de me rendre chez ma mère qui habite à Rennes et de lui faire la surprise.

Marcher seule dans la rue, sur le bitume, sans uniforme bleu autour de vous. La sensation est étrange. J'avais l'impression d'être une Martienne qui débarque sur Terre. Il y avait beaucoup de bruit, mais pas cette résonance comme en prison.

Puis ce fut les retrouvailles avec ma mère, mon frère. La joie tout simplement. Des gestes, des regards. On se touchait pour voir si c'était bien réel. On a discuté ensemble jusqu'à 2 h du matin. Le jour d'après, il a fallu atterrir.

En détention, pas besoin de montre, les surveillantes viennent vous chercher quand c'est l'heure. Dehors on réapprend à gérer son temps. Au début, je voulais tout régler, tout de suite. Maintenant, je m'organise. J'ai des rendez-vous à Pôle emploi pour retrouver du travail, à la banque, avec l'assistante sociale, l'infirmière psy. J'aimerais revoir ma fille qui a 8 ans aujourd'hui. Ça va être difficile, mais j'y crois et je vais me battre.

« Marcher sur les pavés »

Je suis étonnée de voir comment le téléphone portable a envahi le quotidien. Dans la rue, les transports en commun, c'est impressionnant, les gens ont les yeux fixés dessus.

Depuis ma sortie, je me suis offert des petits plaisirs. Un resto, des balades en ville, sur les pavés. Des choses simples et spontanées.

Noël, ce sera les retrouvailles en famille. J'ai passé plusieurs Noël en prison. Ce n'était pas le plus terrible, au contraire. On partageait un bon moment ensemble, avec les autres détenues, les surveillantes...

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