Jean-Jacques Urvoas inaugure, ce vendredi, la cité judiciaire de Quimper. Dans une interview, le garde des Sceaux promet la poursuite de l’amélioration de la situation dans les tribunaux et les prisons.
La rentrée judiciaire s’inscrit dans un contexte tendu au regard du nombre de postes de magistrats et de greffiers vacants.
Le choix de cette majorité a été de recréer des postes. Nous avons des promotions historiquement les plus importantes. À Bordeaux (École nationale de la magistrature), la dernière promotion compte près de 400 auditeurs de justice. Alors qu’en 2011, il n’y en avait que 100. Mais il faut du temps pour former et c’est en 2016 que, pour la première fois, nous avons plus d’entrées dans la magistrature que de départs en retraite.
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Reste que pour le moment, nous avons 450 postes vacants dans les juridictions, dont trois à Quimper et cinq à Brest. Je ne peux pas dire précisément à quelle date nous effacerons cela, mais l’horizon se rapproche. C’est vrai pour les greffiers de la même manière.
La hausse annoncée du budget de la Justice va-t-elle permettre d’en finir avec les situations de cessation des paiements dans les tribunaux ?
En 2017, le budget du ministère augmente de 4 % par rapport à 2016. C’est la plus importante hausse du quinquennat. Dans ces conditions, les juridictions auront plus de moyens. Déjà, aujourd’hui, les frais de justice (experts, laboratoires...) sont payés à un mois depuis la fin 2016. On les payait à quatre mois quand je suis arrivé à la chancellerie. Tous les premiers présidents de cour d’appel reconnaissent qu’ils commencent l’année dans de meilleures conditions, même si cela ne veut pas dire que tout est réglé.
Les avocats estiment que la revalorisation de l’aide juridictionnelle n’est pas à la hauteur de leurs attentes.
J’ai pourtant respecté les engagements de Christiane Taubira avec les avocats. Mais il faudra remettre totalement à plat ce système. Son fonctionnement actuel ne satisfait personne. Ni les avocats, ni le ministère, ni les justiciables. Mais pour discuter, il faut un interlocuteur et l’organisation de la profession est très morcelée. C’est, du coup, plus difficile de bâtir des compromis.
2016 a été marquée par le dysfonctionnement des extractions judiciaires. Des moyens supplémentaires seront-ils alloués ?
41 % des demandes d’extractions n’ont pu être réalisées en 2016. Cette situation est amenée à ne pas durer. Une inspection a été conduite. Elle prône une articulation nouvelle avec le ministère de l’Intérieur.
Mais sans attendre, pour la région, j’ai pris des mesures d’urgences. Six postes sont venus dès le 19 décembre renforcer le pôle régional des extractions judiciaires.
Nous avons encore du travail mais il doit se faire en concertation avec les organisations syndicales de l’administration pénitentiaire pour changer nos modes opératoires. Nous avançons pas à pas et il me semble que nous sommes sur la bonne tangente.
Où en est le projet de quartier de préparation à la sortie, à la maison d’arrêt de Brest ?
Le Finistère n’est pas prioritaire. Nous sommes à la recherche de terrains dans le Morbihan, à Lorient ou Vannes. Plus probablement à Vannes où les élus sont demandeurs. En Ille-et-Vilaine, autour de Rennes, également. La sur-occupation est de l’ordre de 145 % à Brest, mais si nous construisons ces autres prisons, cela allégera enfin le Finistère.
Au regard de cette situation, comment envisagez-vous le retour annoncé de jihadistes français ?
Dans les maisons centrales, réservées aux condamnés, il y a des places libres. Les quartiers de détenus violents se préparent à accueillir ceux dont on ne connaît pas le nombre. Aujourd’hui, la plupart des détenus relevant du terrorisme sont dans les maisons d’arrêt d’Ile-de-France, au-delà de la norme. On ne peut plus continuer comme ça. L’objectif, en accord avec le parquet de Paris, est de les répartir dans les centrales en régions...
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