Ce multirécidiviste n’est resté que dix mois à la centrale de Saint-Maur mais son passage a laissé des traces, notamment sur deux de ses gardiens…
Il est arrivé au centre pénitentiaire de Saint-Maur en janvier 2016 et en est reparti en octobre, direction celui d'Alençon - Condé-sur-Sarthe (Orne) où, depuis, assure-t-il, « ça se passe très bien ».
« Mais ici, vous n'avez pas été un détenu facile… », assène le président, avant d'énumérer les faits pour lesquels comparaît ce multirécidiviste, passé par sept établissements pénitentiaires depuis 1997, pour purger seize années de peine.
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Le 25 juin, il met le feu à sa cellule en enflammant des draps. Rebelote le 5 juillet, où il dit rester deux heures dans sa cellule enfumée « sans que personne ne vienne m'aider », avant d'être placé en isolement.
Le 21 août, il saccage cette fois sa cellule de quartier disciplinaire, en jetant sur les gardiens qui viennent à sa rencontre, des débris de lavabo, de WC et de meubles métalliques. L'un d'entre eux porte plainte pour s'être fait projeter à terre alors qu'il lui passait les menottes.
Enfin, le 14 septembre, alors qu'il déclenche un nouvel incendie dans sa cellule et que plusieurs gardiens tentent d'immobiliser celui qu'ils qualifient alors de « dément », il saisit l'un d'entre eux par les parties génitales pour se défaire de son emprise. Bilan : deux jours d'ITT dûs à une contusion du périnée pour l'employé pénitentiaire qui, lui aussi, porte plainte.
" On n'est pas à Guantanamo… "
La défense de l'inculpé sera la même durant tous les débats : « Pendant des mois, j'ai enduré des tortures physiques et psychologiques de la part de gardiens à Saint-Maur, j'ai déposé plusieurs recours, porté plainte, envoyé des courriers et je n'ai jamais eu de réponse. Demandez aux autres détenus, regardez les vidéos de surveillance ! On est dans un état de droit, pas à Guantanamo… J'ai fini par péter un plomb ! »
Une ligne sur laquelle se calque son avocate, Me Carre qui déplore que la parole des détenus soit « rarement entendue et jamais crue » et que « les témoins à décharge d'un détenu ne soient jamais entendus ». Elle rappelle en outre que son client ne pose aucun problème depuis qu'il a changé de prison.
Me Talbot qui représente le surveillant blessé, se contente, lui, de relire les faits, s'indignant que le prévenu « essaie de se faire passer pour une victime », et demande 1.000 € de dommages-intérêts pour son client.
Dans son réquisitoire, le substitut du procureur, Lionel Josserand, rappelle l'impressionnant « palmarès » de l'accusé, émaillé de violences, de menaces, de vols avec arme, d'outrages, de rébellions… Il s'appuie sur une expertise psychologique faisant état de « l'impulsivité », de « l'absence de contrôle » et de « la dangerosité avérée » d'un homme « intolérant à la frustration ». Le classant dans « la catégorie des détenus voulant à toute force obtenir leur transfert » et ne constatant « aucun manquement de l'administration judiciaire », il requiert à son encontre un an de prison ferme supplémentaire et dix ans d'interdiction de séjour sur le territoire national pour ce ressortissant congolais.
S'il ne retiendra finalement pas cette deuxième requête, le tribunal aura quand même la main lourde, en condamnant l'homme à effectuer dix-huit mois de prison ferme supplémentaires, et à verser 1.000 € et 1.275,71 € aux deux surveillants agressés.
La Nouvelle République
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