Alors que le garde des Sceaux, Jean-Jacques Urvoas, est attendu ce lundi au centre pénitentiaire du Havre, zoom sur la profession de surveillant : une grande campagne de recrutement se déroule jusqu’au 6 mars dans l’espoir de convaincre 2 500 personnes de postuler au concours 2017.
Les besoins n’ont jamais été aussi importants, mais le métier peine à séduire.
S’il requiert peu de qualifications, assure la sécurité de l’emploi et offre des opportunités d’évolution, le job de surveillant souffre de la mauvaise image du monde carcéral et d’un trop faible niveau de rémunération, jugent les syndicats.
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«Fier de service la justice. » Depuis près de deux semaines, la formule habille l’arrière des bus, les stations de métro et les panneaux d’affichages avec un seul objectif : convaincre un maximum de personnes de s’inscrire au concours de surveillant pénitentiaire. Ils et elles ont jusqu’au 6 mars pour le faire, via le site www.devenirsurveillant.fr.
Cette campagne de communication n’a rien d’inédit, si ce n’est que « les besoins de recrutement n’ont jamais été aussi importants », précise-t-on au sein de la direction de l’administration pénitentiaire du ministère de la Justice.
Trois raisons s’imposent : la création annoncée de prisons supplémentaires, les nouvelles missions confiées aux surveillants (notamment l’accompagnement des personnes détenues dans le cadre des extractions judiciaires), ainsi que de nombreux départs à la retraite prévus cette année.
Dure réalité
A contrario, jamais la profession ne semble avoir été aussi peu en mesure d’attirer de nouveaux agents. Alors que 2 500 postes sont ouverts pour cette année 2017 (comme ce fut le cas en 2016), « nous ne sommes pas sûrs d’avoir suffisamment de candidats », reconnaît un porte-parole de l’administration.
La faute, en partie, à « la concurrence » simultanée des concours d’entrée dans la police ou l’armée, explique ce dernier : « Beaucoup s’inscrivent à plusieurs concours en même temps. » Et, à la fin, « ils choisissent forcément le plus attractif », complète Olivier Duval, représentant CGT au centre pénitentiaire de Saint-Aubin-Routot, près du Havre.
À moins de choisir ce métier par vocation, ce qui, de l’avis général, est assez rare. « Avec un début de carrière à 1 400 euros environ, notre grille de salaires est beaucoup moins avantageuse », détaille Olivier Duval. Cette rémunération peut considérablement augmenter, mais au prix de nombreuses heures supplémentaires que ne cessent de dénoncer les syndicats. « Certains cumulent jusqu’à 60 heures par mois », assure Éléonore Schreiner, déléguée Ufap-Unsa (premier syndicat de l’administration), à Saint-Aubin-Routot.
« Il faut être clair : c’est un métier très mal payé au regard des rythmes parfois inhumains », appuie Oualid Nahal (FO) au centre de détention de Val-de-Reuil. Au regard, aussi, des « conditions de travail très difficiles », de « la confrontation de plus en plus dure avec les détenus », indique Olivier Duval.
Un constat qui vaut avant tout dans les maisons d’arrêt, qui concentrent les problématiques de surpopulation carcérale et donc « l’immense majorité des demandes de recrutement », souligne l’administration.
Et si cette dure réalité complique d’autant plus le travail de séduction, elle en convainc même certains d’interrompre prématurément leur engagement, s’alarme Nicolas Bihan, secrétaire local SPS (Syndicat pénitentiaire des surveillants), à Val-de-Reuil. « Nous enregistrons beaucoup de démissions, dont certaines dès le premier stage de découverte prévu dans les huit mois de formation. »
À Saint-Aubin-Routot, Éléonore Schreiner n’évoque pas de démissions, mais « une grosse fuite du personnel d’encadrement » : un problème, parmi d’autres, dont elle compte bien s’entretenir avec le ministre de la Justice, Jean-Jacques Urvoas, en visite ce lundi dans l’établissement.
Mais le rôle critique des syndicats se confronte aussi à l’intérêt, partagé avec leur direction, de favoriser ces recrutements tant réclamés. La responsable Ufap-Unsa invite ainsi à ne pas trop noircir le tableau. « Pour ma part, cela fait 14 ans que je travaille dans l’administration pénitentiaire, et je ne la quitterai pour rien au monde : on travaille avec de l’humain, on se sert les coudes entre collègues. Il faut vraiment faire connaître ce métier en montrant aussi les bonnes facettes. »
« On n’a jamais dit que c’était génial »
La campagne nationale de communication ne fait que cela, justement. « On n’a jamais dit que c’était génial de travailler en prison, mais nous montrons les perspectives d’évolutions de carrières, rappelle-t-on au ministère. On ne reste pas forcément surveillant toute sa vie. Certains deviennent chefs d’établissement. »
Ces possibilités de progression font d’ailleurs office, selon l’administration, de principale motivation chez les aspirants surveillants pénitentiaires (dans 92 % des cas). S’ajoutent à cela la sécurité de l’emploi, les avantages pour la retraite, le nombre de congés (même s’ils sont imposés)...
D’après le ministère, il est impossible à l’heure actuelle de savoir si les établissements de Normandie seront concernés pas le recrutement de surveillants 2017. Mais ce dernier constate volontiers qu’« ils sont en sous-effectifs ».
« On est dans le pardon »
Âgés respectivement de 28 et 25 ans, Mathieu* et Sandra* travaillent depuis peu comme surveillants au centre de détention de Val-de-Reuil, où ils vivent leur première affectation...
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Le problème c'est aussi que l'administration pénitentiaire ne veux pas prendre en compte la situation de l'agent. Ancien élève en 2016 j'ai était muté sur Paris après l'école (ENAP) faute de place dans le sud et de mon classement. Pourquoi pas! C'est les conditions je le savais d'avance, j'ai joué un coup de poker et j'ai perdu, j'ai donc démissionné de mon affectation, pas que j'aime pas ce métier au contraire j'était pas rentré pour l'argent ou pour éviter le chaumage, mais pour des valeurs et par conviction que ce métier était fait pour moi. Je le pense toujours mais à 42 ans et avec deux enfants je ne conçois pas d'être à 800kms de ma familles. Je pense que l'administration à fait une erreur car je me considère pas comme un mauvais agent, au contraire même j'ai toujours était droit lors mes stages et je continuerais à l'être. Alors oui il manque des surveillants! Mais si les affectations prenais en compte la situation de l'agent, il s'aurait pas perdu un bon élément et je saurais toujours surveillant dans l'administration pénitentiaire.
RépondreSupprimerUn concours National et des affectations régionales en priorité, ce ne serait pas idiot.
SupprimerMais l'administration a beaucoup beaucoup de mal à recruter (on se demande bien pourquoi n'est-ce pas ?)...
Il suffirait de faire des zones d'affectation style 1, 2 et 3 en allant du plus près au plus loin du domicile.
Avec un logiciel performant (c'est pas gagné avec l'AP), un "screener" peut générer tout ça en quelques secondes à partir du moment où il est correctement paramétré.
Je comprends cette démission. Déjà que l'attrait pour ce métier est restreint, si en plus on affecte quelqu'un à l'autre bout de la France, cela devient très compliqué.
Je comprends d'autant mieux cette situation que lors de mon affectation, j'ai dû, avec 2 enfants, déménager de Nantes pour le Haut-Rhin (plus de 900 km).
Et oui! pour avoir discuter avec des directeurs de prison c'est les premiers pour certain à vouloir recruter en interne, cela se fera peut être par la suite Mais quand je vois le recrutement actuellement et les jeunes de maintenant et du comportement qu'ils ont à l'école(ENAP), je me dis que c'est pas gagné pour la suite. Ils ont pas de valeur que se soit pour l'uniforme qu'il porte, ou le comportement et cela vas bosser en coursive, bon ok ! Ou en arrêt de travail se qui ne changera rien donc sur l'effectif, et en cadeau ou bout d'une année ils seront titulaire, heureusement il y a des bons éléments j'en est croisé mais il y a aussi beaucoup de boulet. Je souhaite bonne chance à cette institution qui pour moi à beaucoup de valeur, il y à des choses à revoir pour le recrutement mais il y à des têtes pensante pour cela. A voir par la suite ...
SupprimerBonjour, actupénitentiaire, en dessous du haut rein, tu étais presque lol
SupprimerPour ma part, il y a bcp de chose a revoir, le népotisme tu aussi la profession
Il est difficile de généraliser, mais effectivement, il y a un (gros) problème de comportement chez les nouvelles recrues.
SupprimerEt au vu des difficultés à avoir suffisamment de candidats, cela ne va pas s'arranger.
Les niveaux de notes sont abaissés très largement au dessous de la moyenne et forcément, par la suite, cela revient comme un boomerang.
La Pénitentiaire est pour beaucoup de celles et ceux qui passent des concours, le dernier choix...
D'accord également sur le fait que les passe-droits, favoritisme et autres tripatouillages n'améliorent pas les choses.
L'esprit "branleur" est malheureusement bien installé.
Bonjour, actupénitentiaire, avec votre recule, que pensez vous de la formation post ENAP ?
SupprimerIl y a une forme de dégoût, d'injustice, dans l'AP. La motivation se perd quand on voit l’incompétence et la corruption passif sévir impunément.
SupprimerEn ce qui concerne la formation "post enap", il faut que l'agent soit volontaire. Sinon, il peut très bien ne faire quasiment aucune formation, peut-être à part le tir et incendie. Aller, je rajouterai gti également... Mais pas partout.
SupprimerEnormément d'agents n'ont pas revu l'enap après leur formation initiale.
Il faut dire que l'installation de l'école à Agen ne facilite pas les choses. Encore une aberration de plus...
Effectivement, l'ENAP à Agen est un non-sens. Il en faudrait certainement une au milieu de la France, assez proche de Paris.
SupprimerIl nous parlent d’écologie, combien de tonne de carburant sont brûlés pour aller et venir d'Agen ;)
Du formateur branleur et friand d’ânerie pour liquider les jeunes recrues, au collègues feignants complaisant avec les détenus, au chef altruistes avec les détenus et ses potes collègues. Nous passons beaucoup de temps a chasser le bon surveillant et a critiquer les jeunes au lieu de les aider.
RépondreSupprimerLa connerie et la fainéantise sont en effet très répandus. J'ai personnellement eu un collègue qui gueulait parce que, dans le cadre professionnel, je passais "trop souvent" par la porte qu'il devait ouvrir en appuyant sur un bouton : connerie et fainéantise réunie.
SupprimerLe même ne fait que porte et mirador et critique les autres qui selon lui ne bossent pas bien. Cherchez l'erreur.
Des comme ça, il y en a plein. Des boulets à se trimbaler durant des années.
Je ne parle pas de l'encadrement qui laisse faire tout et n'importe quoi aux détenus pour ne pas les "froisser"... Nombreux sont d'ailleurs ceux qui se tapent dans le dos...
Il est impossible de les réformer, de s'en séparer et il faut certainement les reclasser.
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