Un reportage choc de la BBC, récemment diffusé, met en évidence le chaos d’un système pénitentiaire qui a perdu le quart de ses gardiens entre 2010 et 2015.
Joe Fenton a travaillé deux mois comme gardien à la prison de Northumberland, au nord-est de l’Angleterre. Après avoir postulé auprès de Sodexo, en charge de cet établissement pénitentiaire depuis 2014, il a reçu neuf semaines de formation avant d’entrer en fonction en octobre 2016.
Il avait omis de préciser à ses employeurs, à ses collègues et aux prisonniers qu’il était en fait journaliste pour la BBC. Joe Fenton a filmé en caméra cachée ses deux mois à l’intérieur de l’institution.
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Consommation de drogues effrénée, menaces régulières de la part de prisonniers, découverte de cagoules, de vêtements noirs, de pinces à métaux dans les cellules, et même d’un trou dans la clôture d’une cour intérieure… Son reportage, diffusé la semaine passée, a laissé entrevoir un environnement incontrôlé.
De graves émeutes pénitentiaires
Ne se sachant pas filmés, ses collègues gardiens y dénoncent les conséquences du manque de personnel. « Lorsque nous voulions faire une fouille complète, nous fermions tout le bloc, mais ce n’est maintenant plus possible et ce sont eux qui contrôlent tout », indique l’un d’eux en désignant les détenus.
Plus loin, une collègue visionne sur les écrans des caméras de surveillance le passage à tabac d’un détenu : « il arrive souvent que je ne puisse pas réagir comme je le veux car nous n’avons pas assez de soutien. Je ne me sens jamais en sécurité », admet-elle.
Cette diffusion intervient dans un pays qui a connu fin 2016 ses plus graves émeutes pénitentiaires en vingt-cinq ans. À la mi-décembre, 600 prisonniers avaient pris les commandes plusieurs jours de quatre des onze ailes de la prison de Birmingham, après avoir subtilisé les clés d’un gardien.
Dans trois autres établissements secoués par des émeutes, les prisonniers avaient motivé leur action : en raison du manque de personnel, ils n’étaient plus autorisés depuis plusieurs jours à sortir de leur cellule. Ces récriminations recoupent celles des gardiens filmés par le journaliste de la BBC.
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D’importantes coupes budgétaires
La dégradation de la situation date de 2010 et des mesures d’austérité imposées par le nouveau gouvernement conservateur. Alors ministre de l’intérieur, Theresa May avait organisé une réduction de 500 millions de livres (600 millions d’euros) du budget du système carcéral.
De 2010 à 2015, 4 990 postes de gardiens (sur 19 910) ont disparu dans les établissements publics. Et plusieurs prisons ont été privatisées. Sodexo, qui a remporté le contrat de gestion pour Northumberland, s’était engagée à réduire les coûts de 130 millions de livres sur quinze ans et a licencié 200 personnes, dont 96 gardiens de prison.
À Birmingham, le nombre d’employés n’a pas été réduit. Mais une grande partie ont été remplacés par des candidats « sans qualification ou expérience préalables requises », comme l’indiquaient les annonces postées sur le site de son gestionnaire, la société G4S.
Des employés à présent incapables de faire face à la situation...
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