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lundi 27 mars 2017

Prison de Réau : le combat d'un détenu et sa compagne pour avoir un enfant

Détenu à Réau, El Hadj-Omar Top veut avoir un enfant avec sa compagne via une procréation médicalement assistée (PMA). Un droit que lui refuse, selon lui, l'administration pénitentiaire en raison de son profil de détenu particulièrement signalé (DPS).

En 2012, il avait déjà fait parler de lui avec la parution de Condamné à vivre, chez Flammarion, un livre dans lequel il racontait les difficultés de la détention, entre « solitude de l’isolement », « conditions inhumaines » et « dictature du silence. »


À 38 ans, El Hadj Omar Top est actuellement incarcéré pour une lourde peine au centre pénitentiaire du sud-francilien, à Réau.

Libérable en 2043

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Mais c’est dans un autre combat, que vient se lancer ce détenu, libérable en 2043. « Avec ma compagne (pour des raisons de confidentialité, nous n’indiquerons pas son prénom à sa demande, ndlr) nous voulons avoir un enfant via une procréation médicalement assistée (PMA) », confie El Hadj Omar Top.

« J’ai le droit, comme n’importe quel citoyen de pouvoir en bénéficier mais on me répond qu’il est inutile de monter un dossier, que cela pose problème pour le comité d’éthique. » Il en est convaincu, sa demande lui est refusée au motif de son statut de détenu particulièrement suivi (DPS).

« Fonder une famille »

Il faut dire qu’il s’agit d’un détenu au lourd profil. Fiché au grand banditisme selon La Montagne, il a été condamné à 10 ans de réclusion pour avoir tiré sur des policiers en 2002. En 2009, il s’était évadé de la maison centrale de Valence, après prise d’otages et usage d’explosifs. Un passé qu’il ne remet pas en cause mais « qui n’a pas de lien avec une demande d’ordre privée et familiale ».

« Je n’ai jamais été condamné pour des problèmes familiaux, insiste-t-il. Personne ne peut empêcher un détenu de fonder une famille et la PMA est la seule manière pour nous d’avoir un enfant. » Contactée, l’administration pénitentiaire se refuse de commenter un « cas particulier. »

Sur le fond, « si une personne détenue souhaite bénéficier d’une assistance médicale à la procréation, elle doit consulter les services médicaux de l’unité sanitaire de l’établissement où elle se trouve incarcérée », indique-t-on à l’administration pénitentiaire qui précise « ne pouvoir s’opposer à cette décision en aucune manière. »

« Questions d’éthique »

Citant un rapport de l’Académie de médecine de 2012, l’administration pénitentiaire indique « que les questions d’éthique propre à la PMA concernent les services médicaux et leur réglementation ne relève pas de [s]a responsabilité. »

Quant à la possibilité d’une escorte pour accompagner El Hadj Omar Top, l’administration se refuse de commenter. Mais un dispositif lourd devrait alors être envisagé : les permissions de sortir pour les DPS sont en générale assurée par les Eris (unités d’intervention de l’administration pénitentiaire). D’autant qu’El Hadj Omar Top a déjà été condamné pour évasion.

La solution ? Un prélèvement qui pourrait directement être réalisé à Réau. « Les modalités de recueil et de transport du sperme sont de la responsabilité de l’unité sanitaire, confie-t-on à l’administration pénitentiaire. La décision appartient donc à l’hôpital mais elle est techniquement faisable. »

Instruction

Le couple a récemment formulé une demande à l’hôpital Tenon, à Paris, spécialisé notamment dans la gynécologique obstétrique et la PMA. Contactée, la direction de l’hôpital confirme que le dossier est en cours d’instruction mais se refuse pour le moment à tout commentaire. D’après le rapport de l’Académie de médecine, « la décision finale doit revenir à un médecin d’un centre autorisé...

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