Philippe Galli, 60 ans, a démissionné vendredi de son poste de directeur de l’administration pénitentiaire…
« Surprenant et en même temps pas étonnant… » C’est par cette forme de contradiction que plusieurs spécialistes du monde carcéral ont accueilli la démission, vendredi 31 mars, de Philippe Galli, le directeur de l’administration pénitentiaire.
« Surprenant » car ce départ intervient à trois semaines du premier tour d’une élection présidentielle qui aurait pu lui offrir une porte de sortie plus discrète. Mais « pas étonnant » tant les relations entre cet ancien préfet et la Chancellerie, son ministère de tutelle, s’étaient « tendues » ces dernières semaines.
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« Il y a toujours eu des tensions entre le ministère de la Justice et l’administration pénitentiaire mais elles étaient plus importantes que par le passé », reconnaît un proche de Philippe Galli qui avait été nommé à ce poste en septembre 2016.
Dans un communiqué publié dimanche, Jean-Jacques Urvoas, le garde des Sceaux, s’est contenté d’indiquer qu’il avait « accepté » cette démission sans avoir un mot de sympathie à l’égard de ce haut fonctionnaire âgé de 60 ans.
« On est passé au-dessus de lui… »
Car, sous couvert d’anonymat, les proches du ministre se montrent, eux, plus loquaces. « C’était assez compliqué de bosser avec Galli », explique l’un d’eux.
« Ces derniers temps, le ministère était obligé d’agir vu que les choses n’étaient pas faites [par l’administration pénitentiaire] », assène un autre. Tiraillées entre l’administration et le ministère dont elle dépend, les syndicats assurent ainsi qu’ils ne savaient plus, au final, « à qui s’adresser ».
Une situation qui semble avoir trouvé son « point de rupture » la semaine dernière à l’occasion d’un conflit social à la prison des Baumettes, à Marseille (Bouches-du-Rhône).
« Les négociations avec Philippe Galli étaient bloquées. Il était fermé à toute discussion, raconte Christopher Dorangeville, secrétaire général de la CGT Pénitentiaire. On est donc passé au-dessus de lui… »
Pour atterrir directement au cabinet de Jean-Jacques Urvoas qui a très rapidement affecté vingt fonctionnaires supplémentaires à l’établissement pénitentiaire, ce à quoi Philippe Galli semblait, lui, opposé.
Une surpopulation carcérale record en toile de fond
Doublé par son propre ministre, l’ancien préfet de Seine-Saint-Denis a donc décidé de claquer la porte avec fracas indiquant au Monde que les « conditions de confiance n’étaient plus réunies ». Au plus mauvais moment pour Jean-Jacques Urvoas qui avait fait de la lutte contre la surpopulation carcérale l’un de ses chevaux de bataille.
Nommé place Vendôme en janvier 2016, le ministre de la Justice a, en effet, enregistré au 1er mars un nouveau « record » en la matière avec 69.430 personnes incarcérées pour 58.664 places (118,3 % d’occupation).
Mardi dernier, la directrice de la maison d’arrêt de Villepinte (Seine-Saint-Denis) a même indiqué qu’elle n’accepterait plus de détenus, son établissement étant occupé à 201 %…
« Cela ne change rien à notre volonté d’agir pour lutter contre ce phénomène », indique un proche du ministre. Pour preuve, Jean-Jacques Urvoas doit justement recevoir, mardi, un Livre blanc contenant plusieurs propositions en la matière.
Pour les mettre en place, il devra compter sur Stéphane Bredin, l’adjoint de Philippe Galli qui doit gérer l’intérim au moins jusqu’au résultat de l’élection présidentielle.
20 Minutes
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