Absence d'intimité, soins limités, tensions... Un rapport alerte sur la dégradation des conditions de détention.
La surpopulation carcérale ne cesse d'augmenter. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : au 1er janvier 2018, 68.974 personnes étaient incarcérées dans le pays (pour 59.765 places). Ce nombre s’élevait à 66.089 au 1er janvier 2010 et à 48.594 au 1er janvier 2002.
En Europe, la France ne fait pas figure de bon élève. Ses prisons se montrent plus remplies que celles de bon nombre de ses voisins. Au 1er juillet 2017, 95 établissements avaient une densité carcérale supérieure ou égale à 120%, principalement des maisons d’arrêt, dont sept des huit présentes en Île-de-France.
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Face à ces chiffres toujours plus alarmants, le contrôleur général des lieux de privation de liberté dresse ce mercredi 7 février un rapport glaçant, détaillant les conséquences dramatiques de cette surpopulation carcérale sur les droits fondamentaux des détenus. Absence totale d’intimité, accès aux soins limité, obstacle à la réinsertion et au maintien des liens avec les proches… Des dégradations multiples, dangereuses, et qui ne cessent de s’accentuer, alerte le rapport.
Des matelas au sol
Premier constat de cette surpopulation : l'évident impact sur l'intimité des détenus. Au 1er août 2016, seulement 19% des personnes détenues en maison d'arrêt bénéficiaient d'une cellule individuelle. La plupart des détenus sont hébergés à deux, voire à trois dans des cellules de 9m2. Une situation "préoccupante", aux yeux du rapport qui rappelle que nombre d'entre eux sont contraints de dormir à même le sol. "Il s'agit d'une atteinte à la dignité des personnes détenues", résume amèrement le contrôleur général des lieux de privation de liberté.
Des toilettes non isolées
L'atteinte à l'intimité la plus fréquemment évoquée reste les toilettes en cellule "qui ne sont isolées que par un muret ou une cloison n'atteignant pas le plafond", souligne le rapport. "Le détenu est ainsi obligé de faire ses besoins à proximité immédiate des autres codétenus". Une promiscuité qui représente là encore "une véritable atteinte à la dignité par l'humiliation permanente qu'elle entraîne".
S'ajoutent à cela, des conditions d'hygiènes toujours plus déplorables : vétusté des locaux, aération et luminosité insuffisantes, absence d'eau chaude... Le rapport fait également état d'une insuffisance des produits d'hygiène distribués aux détenus et qui a pour conséquence "la prolifération des nuisibles (rats, puces, punaises de lit...).
Des promenades limitées
Ces conditions peuvent affecter la santé physique et mentales des personnes détenues. Compte-tenu de ces dégradations, le temps d'enfermement dans les cellules devrait être limité au maximum, soutient le rapport. Mais là encore, face aux difficultés d'organisation, certaines maisons d'arrêt en surpopulation ont renoncé à proposer deux promenades par jour, pour s'en tenir à une seule.
Un accès aux soins dégradé
Des délais d'attente allongés
Une augmentation du nombre de détenus implique inévitablement une augmentation d'une prise en charge sanitaire (ouverture des droits sociaux, demandes de consultations...). Ces besoins toujours plus nombreux se traduisent par "des délais d'attente allongés, avec un nombre de professionnels de santé insuffisant pour faire face aux demandes", explique le contrôleur général des lieux de privation de liberté.
Une qualité de soins détériorée
La cadence des consultations médicales génère un stress supplémentaire pour les infirmiers ou médecins qui redoutent "de passer à côté de quelque chose lors de la consultation", note le rapport. Le traitements sont parfois donnés "au pas de course". Enfin, reste le problème des locaux inadaptés car souvent dans l'incapacité de recevoir des dizaines de détenus en consultation. Le rapport fait notamment mention de "salles d'attente de taille réduite" et "pas en nombre suffisant".
Un climat de tensions exacerbé
Un facteur propice à l'insécurité
Selon le rapport, la surpopulation carcérale est dénoncée comme "le creuset d'un climat de détention tout aussi dégradé que peut l'être le mur d'une cellule". Et d'ajouter que "si l'existence d'un lien direct entre surpopulation et niveau de violence n'est pas aisément démontrable, la surpopulation crée un contexte particulièrement propice à l'apparition de tensions, tant entre personnes détenues qu'entre ces derniers et le personnel".
La tentation de l'isolement
Pour les détenus les plus fragiles ou ne supportant pas la promiscuité, les quartiers d'isolement peuvent apparaître comme "une échappatoire à la détention ordinaire". Les cellules d'isolement offrent, dans l'urgence un repli temporaire aux détenus menacés ou victimes de violences. Pour autant, ce régime d'isolement est "susceptible de constituer un traitement inhumain ou dégradant", remarque le rapport, qui ajoute que le personnel pénitentiaire "doit se garder d'y voir une solution".
Une réinsertion menacée
Des liens compliqués à maintenir avec les proches
La surpopulation entraîne une complication dans le maintien des liens familiaux. Le rapport cite notamment comme conséquences, l'augmentation des demandes de permis de visite, une suroccupation des parloirs comme des locaux de visite...
Un accompagnement social limité
L'accès aux activités, clé de la réinsertion, est mis à mal par la surpopulation.
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