Il lève les bras, tape amicalement l’épaule des gendarmes puis embrasse la tête d’un de ses avocats: Jawad Bendaoud, logeur de deux jihadistes du 13-Novembre, sortira mercredi soir de prison après sa relaxe prononcée par le tribunal correctionnel de Paris.
, a déclaré la présidente Isabelle Prévost-Desprez, spécialisée dans les affaires terroristes.
Le parquet, qui avait requis quatre ans de prison, a aussitôt fait appel.
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Jawad Bendaoud, qui était jugé depuis le 24 janvier pour «recel de malfaiteurs terroristes», a toujours clamé son innocence tout au long de ce procès hors norme. Agé de 31 ans et détenu à l’isolement depuis 27 mois, il sortira «ce soir» de la prison de Fresnes, selon une source judiciaire.
Ce jugement conclut le premier procès en lien avec les attaques du 13 novembre 2015, qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis. Un procès retentissant avec quelque 700 parties civiles, plus de 100 avocats, des rires déclenchés par les propos décalés de Jawad Bendaoud, des larmes des victimes des attentats.
«On est extrêmement émus d’avoir entendu le tribunal nous dire que Jawad Bendaoud était innocent», ont réagi ses avocats Xavier Nogueras et Marie-Pompéi Cullin.
«La relaxe, pour moi, elle était attendue. Jawad m’a convaincu sur beaucoup d’éléments», a déclaré Bilal Mokono, blessé par un kamikaze au Stade de France et qui se déplace en fauteuil roulant.
- «Ecoeurement» de parties civiles -
Mais des parties civiles ont exprimé leur «écoeurement» et leur «colère». «Je trouve, au regard de son passé, que la justice est vraiment très clémente», a lancé Patricia Correia, dont la fille a été tuée au Bataclan.
Délinquant multirécidiviste de 31 ans, Jawad Bendaoud, parfois surnommé «le logeur de Daech», était jugé pour avoir mis à disposition d’Abdelhamid Abaaoud, l’un des cerveaux présumés des attentats, et de son complice, Chakib Akrouh, un squat où ils s’étaient repliés à Saint-Denis.
Ils étaient arrivés le 17 novembre au soir dans l’appartement où ils sont morts le lendemain tôt dans l’assaut des policiers du Raid.
«Nous sommes choqués par ce verdict qui ravive la douleur des victimes des attentats et des familles traumatisées par l’assaut», dont certaines avaient dû être relogées, a réagi la mairie de Saint-Denis dans un communiqué.
Le FN a dénoncé sur Twitter «une invraisemblable décision de justice marquée par le laxisme le plus caricatural».
En plein assaut, Jawad Bendaoud avait expliqué à des journalistes de l’AFP et de BFMTV que les policiers du Raid étaient en intervention chez lui. Son interpellation peu après devant les caméras avait fait de lui la risée d’un pays traumatisé.
«Je ne savais pas que c’étaient des terroristes», a-t-il martelé lors de son procès. «Même pour 150.000 euros, je n’aurais pas hébergé des terroristes.»
Le deuxième prévenu, Mohamed Soumah, également jugé pour «recel de malfaiteurs terroristes», a été condamné à cinq ans d’emprisonnement. Il avait mis en contact Hasna Aït Boulahcen, qui cherchait une planque pour les deux jihadistes, et Jawad Bendaoud.
Une peine de quatre ans de prison, dont un avec sursis, a été prononcée contre le troisième prévenu, Youssef Aït Boulahcen, jugé pour «non-dénonciation de crime».
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