Pas de regrets. Au contraire. Le prévenu qui a menacé de mort une conseillère du Spip (Service pénitentiaire d'insertion et de probation), a affirmé, mercredi, à la barre qu’il ferait ce qu’il a dit.
L’ancien détenu est hospitalisé en psychiatrie. En le condamnant, le tribunal s’est assuré de son suivi.
Le prévenu a quitté la salle d'audience avec les infirmiers qui l'ont accompagné mercredi matin, jusqu'au tribunal. À 33 ans, il est hospitalisé dans le Rhône, en psychiatrie, dans une unité pour malades difficiles (UMD).
« Je sais où tu habites »
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L'année dernière, il était incarcéré à la maison d'arrêt de Moulins-Yzeure. Suivi comme tous les détenus par les services pénitentiaires d'insertion et de probation (SPIP), il a menacé de mort sa conseillère, jurant qu'il la retrouverait : « Je sais où tu habites, je sais quelle voiture tu as » lui a-t-il écrit dans courrier. Des menaces prises très au sérieux vu le profil psychologique du prévenu que ses paroles à la barre n'ont pas démenti. Au président Philippe Vignon qui lui demande pourquoi il a proféré ces menaces, s'il était sous le coup de la colère, il reste mutique : « J'aimerais mieux ne rien dire ».
Et il ne dira effectivement rien des faits. Le président le relance tout de même : « Le tribunal aurait préféré connaître vos explications, c'est grave ce que vous avez fait… ». Le trentenaire sort alors de sa réserve : « Non, ce n'est pas grave, c'est normal. Depuis tout petit, j'ai vécu dans la violence. C'est clair et net, ce que j'ai dit, je vais le faire. Si aujourd'hui je vais en prison, monsieur le président, ça ne me dérange pas. J'étais bien en prison, j'adore ça la prison ».
« C'est clair et net, ce que j'ai dit, je vais le faire »
Alors qu'il a refusé l'expertise psychiatrique ordonnée dans le cadre de l'enquête - « J'en ai pas besoin, je ne suis pas fou », les juges ont dû s'en remettre à une expertise plus ancienne où le psychiatre notait que le prévenu, est « comme un enfant dans le corps d'un adulte, jouant au méchant », atteint de « troubles psychiatriques graves ». Un autre médecin qui suit le trentenaire depuis longtemps, relevait dans un rapport il y a un an, sa « dangerosité extrême ». « S'il n'est pas enfermé, il y aura un drame ». Le prévenu ne bronche pas.
Pour son avocat, M e Benalikhoudja, son client ne doit pas être incarcéré : « On l'a mis en maison d'arrêt mais il ne relève pas du système carcéral français. Une prison n'est pas un hôpital psychiatrique. Ce n'est pas à un tribunal correctionnel de combler une carence de places dans les hôpitaux psychiatriques. J'espère qu'il restera en UMD ».
Continuer les soins
Le tribunal qui a retenu l'altération du discernement, n'a pas condamné le trentenaire à une peine de prison ferme (requis par le parquet, 20 mois dont 15 mois ferme), mais s'est assuré de garder un œil sur le trentenaire en prononçant une peine de 18 mois de prison avec sursis et mise à l'épreuve pendant deux ans. Il devra continuer ses soins, ne pas entrer en contact avec la victime et de ne pas se rendre dans l'Allier. S'il ne respecte pas une de ces obligations, il sera incarcéré. Pour l'heure, il est retourné en psychiatrie dont seul un médecin peut le faire sortir. La justice serait alors mise au courant.
Dédommagée. La conseillère du SPIP, la victime, vit « dans une peur et une angoisse constantes depuis 2016 », a confié son avocate Me Bonnefille. « Vous comprendrez son absence dans la salle ». L’ancien détenu devra lui verser 1.200 € de dommages et intérêts et 600 € pour les frais d’avocat.
La Montagne
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