La jeune femme, enceinte, avait essayé de livrer 200 g de cannabis à son conjoint incarcéré en mars. Elle écope de 10 mois de prison avec sursis, et lui de 2 ans ferme.
« Je t’aime ! » lui crie-t-elle depuis l’entrée du tribunal. La jeune femme s’adresse à son compagnon. Tous deux comparaissent, vendredi, pour avoir introduit 200 g de cannabis au sein de la maison d’arrêt de Brest.
Lorsque la jeune femme se présente à la barre, elle est enceinte de 6 mois. Le jeune homme de 28 ans, depuis le box, ne la lâche pas des yeux. Il n’hésite pas longtemps lorsqu’il doit répondre à la question du président Merret : « Comment se passe la prison ? » « Mal ! »
"Il a peur !"
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« Il ne sort plus de sa cellule, raconte Me Chanteux-Caron, son avocate. Il a peur. » Selon le couple, ce sont des menaces qui les ont forcés à agir, le 24 mars. « Des détenus nous ont menacés à cause de nos dettes, raconte la prévenue. On a eu peur. » Lors de la précédente audience, l’homme s’était présenté avec le visage tuméfié.
La jeune femme de 23 ans vit du RSA. Via Facebook, un détenu lui ordonne d’aller chercher un paquet près de chez elle. Elle s’exécute et obtient 200 grammes de cannabis. Arrivé au parloir, le paquet est finalement intercepté.
« Lorsqu’il est revenu les mains vides, mon client s’est fait tabasser par d’autres détenus », raconte son avocate.
Pas grand-chose, sauf l’amour…
Condamné une première fois en 2004 alors qu’il était mineur, puis emprisonné pendant 7 ans, notamment pour des violences aggravées et des affaires de stupéfiants, le jeune homme est à bout. Il suit un traitement pour contrer ses pensées suicidaires.
« Comment voyez-vous la suite ? » lui demande le président. « Je ne vois rien. » Silence. Sur la chaise rapprochée de la barre à l’attention de la prévenue, la jeune femme fond en larmes.
Son histoire a elle est tout aussi compliquée. Placée en famille d’accueil à 2 ans, en foyer à 13 ans, elle tombe dans l’héroïne. Elle est ensuite placée en hôpital psychiatrique à 14 ans. Puis, à 17 ans, elle devient maman d’une précédente union.
« Elle a toujours eu un rapport aux hommes compliqué, jusqu’à l’arrivée de monsieur », retrace son avocat, Me Le Saos. Avec éloquence, il dépeint « deux jeunes qui n’ont pas grand-chose, sauf leur amour ».
Contact interdit
La jeune femme a d’ailleurs une seule requête : pouvoir contacter son conjoint, chose qui leur avait été interdite depuis la première audience.
Les deux avocats de la défense plaident pour un aménagement de peine et dénoncent la « violence inouïe » des réquisitions du procureur : trois ans d’emprisonnement pour lui, un an pour elle.
Le président y est sensible. Finalement, la jeune femme écope de 10 mois avec sursis. Son compagnon de deux ans ferme, alors qu’il était libérable en juin prochain.
Ouest-france
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