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jeudi 26 avril 2018

La nouvelle prison de Luynes déjà surpeuplée avant d’ouvrir

Le centre pénitentiaire de Luynes ne répond pas aux objectifs du ministère de la Justice : pas plus d'un détenu par cellule.

La nouvelle prison de Luynes déjà surpeuplée avant d’ouvrir

Un lit par cellule pour bientôt ? Ou deux, voire plus, comme aujourd'hui ? La volonté du ministère de la Justice de permettre en 2025 à 80% des détenus de dormir dans une cellule individuelle, avait été martelée dès le précédent quinquennat, et maintenue depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron à l'Elysée. Mais cet objectif ambitieux risque de rester un voeu pieux.



Un exemple : le tout nouveau centre pénitentiaire de Luynes (Bouches-du-Rhône), à la périphérie sud d'Aix-en-Provence, qui devient opérationnel ces jours-ci, ne peut pas tenir cette promesse. Bâtis pour améliorer les conditions de détention par rapport à l'ancien site, les quatre bâtiments flambant neufs, dotés d'installations ultramodernes, ne parviennent pas à remplir leur contrat originel : assurer à chaque prisonnier un encellulement individuel, avec une douche, des toilettes et une fenêtre suffisamment grande pour - vraiment - laisser entrer la lumière.

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Selon nos informations, l'administration pénitentiaire a demandé aux sociétés chargées des aménagements intérieurs d'installer un second lit, superposé, dans la plupart des cellules de 9 mètres carrés. Quelques cellules, plus grandes, sont d'emblée prévues pour accueillir deux personnes. "Avant même que le chantier soit livré, l'exigence d'un seul prisonnier par cellule était déjà laissée de côté, indique à L'Express une source locale. On peut se demander comment elle pourra être satisfaite au vu de l'augmentation constante du nombre de détenus au niveau national."

Un taux d'occupation à 144%

L'affaire survient au plus mauvais moment : le nombre de détenus dans les prisons françaises vient de battre un nouveau "record". Le 1er avril 2018, 70 367 personnes étaient incarcérées, dont 21 000 en attente de jugement, a annoncé la direction de l'administration pénitentiaire, le 19 avril. Les 186 centres de détention de France accusent un taux d'occupation de 117 %. Autrement dit, on compte en moyenne 117 détenus pour 100 places de prison. Jusqu'à présent, le centre pénitentiaire de Luynes accueillait régulièrement plus de 1 000 personnes pour 693 places, soit un taux d'occupation de 144%.

Avec ces nouveaux bâtiments, le site d'Aix-Luynes devient le troisième plus grand centre pénitentiaire de France, après Fleury-Mérogis et Fresnes. De fait, avec le transfert progressif des détenus des anciens locaux vers les nouvelles constructions, difficile d'évaluer son futur taux d'occupation. Cela d'autant plus que l'ensemble doit aussi accueillir des personnes détenues jusqu'à présent aux Baumettes, à Marseille.

Un droit reconnu depuis... 1875

Selon une autre source, plusieurs autres prisons en construction ou en rénovation - parmi les 24 projets annoncés durant le quinquennat de François Hollande -, risquent d'être confrontés au même écueil : l'impossibilité de garantir un encellulement individuel pour l'ensemble des futurs détenus. Ce principe est pourtant inscrit dans le Code pénal depuis... 1875. Le retard accumulé en la matière depuis près de cent cinquante ans se résorbe lentement, très lentement, même.

Aujourd'hui encore, plus de 30 centres pénitentiaires français sont considérés par les associations spécialisées comme exposant "les détenus à des traitements inhumains ou dégradants"...

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