Le Français, condamné à perpétuité pour trafique de drogue à Bali, puis partiellement gracié, est arrivé à l'aéroport suisse dimanche 22 juillet.
Le Français Michaël Blanc est arrivé dimanche à Genève après avoir passé près de la moitié de sa vie retenu en Indonésie, géant d'Asie du Sud-Est aux lois antidrogues parmi les plus strictes au monde, pour une affaire de trafic de haschisch.
Après 14 ans de prison et 4 ans de contrôle judiciaire, Michaël Blanc, 45 ans, a quitté ce pays prisé des touristes samedi soir accompagné par sa mère, Hélène Le Touzey, qui a oeuvré sans relâche pour sa libération depuis le début de l'affaire.
"Il a bien atterri à Genève", dimanche peu après 10h30, a déclaré à l'Agence France-Presse Martial Saddier, député de Haute-Savoie, proche de la famille et très investi dans ce dossier où il a joué les intermédiaires avec les autorités politiques et instances diplomatiques françaises. L'ancien maire de Bonneville, ville natale de Michaël Blanc, a précisé que celui-ci allait rester dans un endroit tenu secret "pendant quelques jours, afin d'avoir un sas de décompression". "Il va se remettre de ces presque 20 années avant des apparitions publiques", a ajouté Martial Saddier.
Accueilli avec sa mère par des proches
Mère et fils ont été accueillis à l'aéroport international de Genève par des proches, dont le père de Michaël, Jean-Claude Blanc, et son oncle Alfredo Descalzi, à l'abri des regards et des médias. Ils ont quitté les lieux par une issue dérobée. Avant l'arrivée de l'avion, en provenance d'Istanbul où il avait fait escale, le père attendait son fils avec une émotion pudique. Depuis presque 19 ans qu'il attendait de venir le chercher à l'aéroport, en le voyant seulement "une fois par année", il s'est dit "heureux" d'être là pour le "rencontrer", "peut-être autant stressé que lui" par ce nouveau chapitre de vie qui va débuter.
Son oncle et secrétaire du comité de soutien a confié sa "joie et son émotion" mais pas de satisfaction, "car la satisfaction aurait été de le ramener tout de suite" et non pas au terme d'une bataille "trop longue à notre goût". Après un "premier repas de famille depuis 20 ans en sa présence", partagé dans l'intimité, Alfredo Descalzi, joint par téléphone, a confié à l'Agence France-Presse que son neveu allait "extrêmement bien", même s'il est "extrêmement fatigué". "Il est très content d'être dans un pays normal avec des gens normaux qui lui veulent beaucoup de bien" mais "il faut qu'il reste quelques jours tranquille à l'abri des regards, il répondra ensuite aux nombreuses sollicitations, une fois qu'il aura rechargé les batteries", a-t-il ajouté. Au micro de RTL, il a répété sa joie de voir son neveu de retour et estime qu'il doit se "reconstituer".
Le combat de sa mère a permis sa libération
La lourdeur de la condamnation du Français dans un pays parmi les plus répressifs du monde contre le trafic de drogue avait été vivement critiquée en France. La médiatisation de sa situation a déclenché une importante mobilisation dans le pays, avec des pétitions signées par des personnalités et de nombreux anonymes.
Mais c'est à sa mère, qui a tout abandonné - emploi, famille, pays - dès l'an 2000 pour venir à son secours, que Michaël Blanc doit son salut. Hélène Le Touzey s'est beaucoup impliquée, d'abord pour lui obtenir une réduction de peine, et ensuite pour le faire libérer.
"Si je n'avais pas été là, il ne serait plus là. Un moment, il m'avait demandé de partir pour pouvoir en finir avec la vie. Il me disait que je n'arriverais jamais à avoir sa libération", avait confié sa mère à la sortie de prison de son fils, en 2014.
Le soutien précieux de Thierry Ardisson
Dès le début de l'affaire, l'animateur de télévision français Thierry Ardisson avait pris la défense du détenu pendant ses émissions, allant jusqu'à organiser un "Michaëlthon", une vente aux enchères d'objets de célébrités, pour financer son comité de soutien. Impatient de rencontrer Michaël Blanc dès son retour en France, Thierry Ardisson a déclaré à l'AFP qu'il s'agissait d'un "héros moderne à la Midnight Express", une référence au film d'Alan Parker sur un Américain détenu en Turquie pour trafic de drogue.
L'animateur a dit qu'il allait inviter Michaël Blanc dans son émission, qui reprendra en septembre sur la chaîne C8. La famille du Français se réjouit de le voir revenir enfin au pays. "Nous sommes extrêmement heureux de le savoir aujourd'hui libre de tout contrôle judiciaire, nous l'attendons avec beaucoup d'émotions", a déclaré Alfredo Descalzi, oncle de Michaël Blanc et secrétaire de son association de soutien, à la chaîne CNews. "Ça fait un mois qu'il est en France dans son esprit. Il souhaitait avec beaucoup de force rentrer dans son pays", a-t-il ajouté.
Alors que c'est la fin du calvaire pour Michaël Blanc, deux autres Français purgent de longues peines pour trafic de drogue en Indonésie : Gérard Debetz, condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en 2011, et Serge Atlaoui qui s'est vu infliger la peine de mort en 2007.
Et des dizaines d'autres condamnés à la peine capitale pour trafic de drogue, parmi lesquels de nombreux étrangers, sont dans le couloir de la mort. Il n'y a eu toutefois aucune exécution depuis deux ans.
RTL
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