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mardi 7 août 2018

Gilbert Pollet, le «braqueur philosophe», réclame sa liberté

À l'époque, il a été baptisé le «braqueur philosophe» par nos confrères de Nice Matin. 

Gilbert Pollet, le «braqueur philosophe», réclame sa liberté

Gilbert Pollet, écrou 37681, 63 ans et au moins 26 braquages de banques à son actif. Le dernier date de 2011, à Cannes, où il a été interpellé. Il a été condamné à 10 ans de réclusion par la cour d'assises des Alpes-Maritimes.



Lecteur fidèle de Schopenhauer, il a mis à profit son incarcération pour entamer une psychanalyse, débuter un roman et travailler avec 60 fiches de paie qui en attestent.

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Un «détenu modèle» qui fait l'objet d'une semi-liberté au centre de détention de Muret depuis mai. Et chaque année, en juillet, comme un rituel immuable, ce Toulonnais de naissance recevait la notification des 3 mois de remise de peine eu égard à sa bonne conduite. Pas cette année, la dernière pourtant. Libérable au 3 novembre, il comptait sur cette grâce annuelle comme le messie pour entamer sa nouvelle vie au 3 août. Mais la commission lui a signifié qu'elle n'avait pas assez d'éléments pour statuer sur sa liberté. «Incompréhensible» et «injuste» pour ce père de famille dont l'attitude trahit tous les indicateurs de la rédemption. Et d'une volonté évidente de réinsertion.

Comment êtes-vous arrivé à Muret ?

C'est moi qui l'ai demandé ! Pour y être déjà passé, je savais que c'était un centre de détention qui me plaisait car on pouvait y travailler, ce que j'ai fait. En mai, la JAP (juge d'application des peines) m'a proposé une mesure de semi-liberté pour préparer ma sortie et trouver un appartement, ce que j'ai aussi fait. Mais la commission du 30 juillet a refusé de m'octroyer la remise de peine pour la dernière année. Alors que mon attitude n'a pas changé : je n'ai jamais fumé un joint ou mal parler à un surveillant. J'ai même reçu des compliments en avril de la JAP qui évoque «un comportement unanimement loué» par les services du suivi pénitentiaire. Alors je ne comprends pas ce que je fais encore là…

Quels sont leurs arguments ?

La JAP qui me suit est en vacances, tout comme ma SPIP (service pénitentiaire d'insertion et de probation) ! Ma démarche n'est pas celle d'une diatribe contre la justice : je ne suis pas un saint. Mais en détention, j'ai eu un parcours nickel. J'ai même passé un DEUG de philosophie et je me suis mis à écrire. Je me sens comme un gamin à qui on avait promis une récompense s'il se tenait sage. Une parole pas tenue, c'est terrible…

Après des années d'incarcération, 3 mois de plus, cela fait la vraiment différence ?

C'est comme si on parlait en années ! Je n'en dors plus… J'ai même failli faire une connerie pour attirer l'attention. Ce n'est peut-être pas un drame affreux mais heureusement que je suis solide. J'ai vu un codétenu se coudre les lèvres pour un truc comme ça.

On vous sent si frustré…

On parle de prisons surpeuplées et moi, je suis obligé d'y rester à cause d'un dysfonctionnement qui me coûte cher. En fait, je prends la place de quelqu'un et c'est le contribuable qui paie. Je n'ai jamais tué ou blessé personne. Je fais partie de ces dinosaures à la Mesrine qui avaient le sentiment de voler les voleurs en s'attaquant aux banques. Mais j'ai fait du chemin depuis et j'ai bien compris que j'avais gâché ma vie. Aujourd'hui, je pourrais être dehors à travailler et continuer à rembourser les parties civiles.

Quels sont vos projets ?

J'ai envie d'aider les autres, de m'engager...

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