Le département des détenus en semi-liberté vient d’ouvrir, après 4 ans de travaux dans la célèbre maison d’arrêt. Les riverains dénoncent des nuisances et interpellent la directrice.
Ils ont eu la paix pendant quatre ans. Plus de prisonniers en face de chez eux. Plus de famille qui font la queue en bas, devant l’entrée de la prison, le jour du parloir.
Plus de détenus ni de proches qui s’invectivent des fenêtres à la rue. Plus de sirènes de voiture de police hurlante, escortant le fourgon de « la Pénitentiaire », amenant ses nouveaux fraîchement condamnés.
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Les riverains avaient presque oublié… « Oui, enfin relativise Pierre, l’un d’eux, c’est vrai mais on a eu les travaux et les pelleteuses ! ».
Depuis le 1er juillet, la mythique et historique (1867) prison de la Santé, qui s’étend entre le boulevard Arago, les rues de la Santé, Jean Dolent et Messier (XIVe), a rouvert discrètement ses grosses portes de fer. Après quatre ans de travaux, le département des semi-libertés est le premier à avoir été livré. Avec 91 prisonniers.
Le « souk » en rentrant de vacances
Au grand dam de Pierre et de sa femme. Depuis 25 ans, ce couple habite un appartement flanqué de deux somptueuses terrasses dont l’une donne rue Messier, directement sur les fenêtres des détenus en semi-liberté, au dernier étage du bâtiment.
« On est rentrés de vacances le 14 juillet, se souvient le sexagénaire. C’était la canicule. Il faisait une chaleur à crever. On a découvert le bâtiment livré et les fenêtres obstruées de draps, de papier et de tissus. C’était le souk ! En fin de journée, certains hommes étaient derrière les barreaux, torse nu. Ils cherchaient la fraîcheur ».
Ce mercredi, rue Jean-Dolent, si quelques fenêtres étaient obstruées « à la sauvage », il régnait un lourd silence dans le quartier.
Au début du mois, une lettre de doléances est arrivée sur le bureau de la directrice de la Santé et sur celui de la directrice de l’APIJ (Agence publique pour l’immobilier de la justice), qui dépend du ministère de la Justice.
Elle est signée de la présidente de l’association « Riverains de la Santé ». « Exaspérée », elle y demande un rendez-vous et surtout dénonce les « parloirs sauvages », « les invectives envers les passants », « les jets de projectiles », « les riverains menacés verbalement », « la forte sonnerie des détenus actionnée jusqu’à 2 heures du matin ». Elle demande également « des rideaux homogènes » aux fenêtres, « que les objets aux barreaux soient interdits », que « des consignes de décence soient transmises aux détenus ».
« Si c’était à refaire, on n’achèterait pas ici »
Au ministère de la Justice, « on s’efforce de prendre en compte les doléances. Il y a une attention particulière qui sera portée sur deux points techniques, la sonnette trop forte et le micro (utilisé pour appeler les détenus NDLR) ». Par ailleurs, « une note de service a été faite à tous les surveillants pour qu’ils soient hyper réactifs à tout comportement inapproprié des détenus ». Et le ministère de rappeler que s’il y a des problèmes répétés avec ces détenus, « le juge peut remettre en cause leur semi-liberté ».
En revanche, sur les rideaux, le porte-parole du ministère lâche qu’il n’y a jamais eu de rideaux en prison… Enfin, il répète que « la promiscuité entre les riverains et la population carcérale ne date pas d’aujourd’hui. C’est ce qui fait la singularité de la prison de la Santé ».
Pierre recadre son propos. « Il y a 25 ans, il n’y avait pas ces cellules en face de chez moi. C’était des bureaux. Et il y avait un chemin de ronde qui nous mettait plus à distance ».
Pierre se souvient aussi que quand il a acheté son appartement avec sa femme, « on s’est posé la question d’habiter à côté d’une prison. Si c’était à refaire aujourd’hui, on n’achèterait pas ici ».
Une rénovation de 180 M€
La mythique prison de la Santé, qui a accueilli les prisonniers les plus célèbres et redoutables comme Mesrine ou Fofana, du gang des barbares, et quelques VIP comme le poète Apollinaire, Jérôme Kerviel ou Bernard Tapie, rouvrira complètement avant la fin de l’année. Elle a bénéficié de 180 M€ de travaux.
Certains des bâtiments historiques, en meulière, ont été conservés. D’autres rasés pour en créer de nouveaux...
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