Un détenu qui avait agressé un surveillant de la prison de Villefranche-sur-Saône avec un morceau de miroir a été condamné, ce lundi, à dix-neuf mois de prison supplémentaires.
A.B. a été condamné à dix-neuf mois de prison supplémentaires pour avoir agressé un surveillant, en octobre dernier, à la prison de Villefranche-sur-Saône. L’affaire avait fait grand bruit. Le détenu de 36 ans, incarcéré à Villefranche depuis mai 2018, avait blessé un surveillant avec un morceau de miroir brisé, au moment de la distribution des repas.
Des plaies à la tête, au cou et à la main
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Le déroulement des faits a été longuement évoqué par le tribunal, ce lundi, dans le cadre d’une procédure de comparution immédiate.
Le 28 octobre, à la suite d’un appel du détenu placé à l’isolement, l’agent pénitentiaire était entré seul dans la cellule, contrevenant aux règles de sécurité, avant d’être agressé par ce dernier, occasionnant de multiples plaies à la tête, au cou et à la main. Très agité, le détenu avait été maîtrisé – non sans mal – par trois agents pénitentiaires. Le lendemain, transféré au quartier disciplinaire, il avait craché sur des surveillants tout en les insultant. Le troisième jour, il avait refusé de soumettre aux relevés d’empreintes digitales.
À la barre, le prévenu oppose une version, bien différente à celle des surveillants, sur les faits du premier jour. Reconnaissant avoir donné « un seul » coup avec son miroir, il indique avoir répliqué à un coup de poing donné par le gardien. Des traces de coup, pouvant correspondre à la date de l’agression, ont en effet été relevées au niveau du front du détenu par un médecin.
« Le surveillant m’a provoqué », assure-t-il, expliquant avoir entendu des insultes à son encontre. Alors que les dépositions des témoins évoquaient un agresseur au visage dissimulé par une « cagoule artisanale », le prévenu assure n’avoir porté qu’un bonnet sur la tête.
Incarcéré depuis dix ans, ce Grenoblois aux 35 mentions sur son casier judiciaire, dont la personnalité est décrite comme antisociale, dénonce des conditions de détention « très exceptionnelles » à la maison d’arrêt de Villefranche, incluant des rapports compliqués avec les surveillants. « Je suis déterminé à faire justice moi-même », souffle-t-il. « Comprenez-vous que cela vous mène à une impasse ? », questionne la présidente. Hochement de tête du prévenu.
Balayant les justifications du détenu, Maître Daniel Lièvre, avocat des surveillants, évoque les répercussions que cette agression a eues sur ses clients. « Ils ont vécu cette agression comme une tentative d’homicide », a-t-il souligné avant de rappeler que la victime du morceau de miroir est toujours en arrêt de travail.
Si la procureure Maylis de Roeck reconnaît douter du déroulement de l’agression, elle observe une réaction « disproportionnée » et préméditée.
« Ce dossier fait frémir dans ce qu’il permet de découvrir des agissements en vigueur derrière les portes de la maison d’arrêt de Villefranche », assène Maître Laurent Duzelet pour la défense, soulignant que le détenu n’a été examiné par un médecin que 48 heures après les faits. « Le contexte de la détention de M.B. n’est pas celui d’une personne lambda », assure-t-il en appelant le tribunal à « faire preuve de précaution ».
Aux dix-huit mois de prison prononcés pour les violences contre le surveillant, le prévenu a écopé d’un mois en plus pour le refus de la prise d’empreintes. Il devra en outre verser 1 000 € au surveillant blessé et 200 € à trois de ses collègues.
Le Progrès
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