Mis en œuvre dans les années 2000, les « PPP » permettent à l’Etat de sous-traiter la construction et la gestion du bâti des prisons.
Mais ils coûtent cher et les « prestations » sont souvent de moins bonne qualité pour les détenus.
C’est un gouffre financier à la profondeur abyssale.
En mars dernier, la garde des Sceaux confirmait qu’aucune des nouvelles prisons à construire au cours des deux prochains quinquennats ne le serait sous forme de partenariats public/privé (PPP).
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Ces partenariats, mis en œuvre par l’administration pénitentiaire au début des années 2000, consistaient pour l’Etat à sous-traiter au privé la construction et la gestion du bâti des prisons, dont il n’est plus que le locataire. Moyennant le versement de loyers prohibitifs, comme l’a relevé la Cour des comptes, qui évoque « une fuite en avant ».
Selon nos confrères de l’Express, qui ont fait cet été le calcul, 14 établissements sur les 171 prisons françaises coûteront au final près de cinq milliards d’euros au contribuable. Tous versés à des poids lourds du BTP - Bouygues, Spie Batignolles, Vinci et Eiffage - propriétaires de ces 15 % de places en cellule, lesquelles mobilisent annuellement près de 40 % des crédits immobiliers de la justice, soit environ 220 millions à l’année, jusqu’en… 2036.
Irrégularités et malfaçons
Le jeu en valait-il la chandelle ? A l’époque, il s’agissait de construire en urgence des prisons, rappelait récemment une responsable de l’administration pénitentiaire au magazine spécialisé « Actualités sociales hebdomadaires ».
Pour l’intéressée, rien n’est figé, et le ministère de la justice est « en train de conduire une négociation pour le refinancement des contrats de PPP. […] Une procédure similaire à celle que vous utilisez lorsque vous renégociez le taux de votre emprunt immobilier. »
Pas sûr, pourtant, que la marge de manœuvre soit importante.
Pour leurs détracteurs, à l’usage, les prisons « PPP » sont loin d’être la panacée. D’après Damien Pellen, secrétaire du syndicat national des directeurs pénitentiaires (SNDP), le coût d’une journée de détention dans une prison PPP est de 141 €, contre 104 € en gestion publique.
Pour une prestation améliorée ? Rien n’est moins sûr. La prison de Réau, l’une des 14 en PPP, a ainsi dévoilé des failles de conception à l’occasion de l’évasion, en juin, de Redoine Faïd.
Celle des Baumettes nouvelle génération, à Marseille, a été entachée dès le départ de multiples malfaçons. Dans une moindre mesure, la Santé, rénovée, fait l’objet de nombreuses « réserves » qui doivent être levées avant sa réouverture, annoncée au 7 janvier prochain.
« Pour certains de ces établissements, le nombre de ces réserves à la livraison augure mal de la suite », déplore Damien Pellen...
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