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dimanche 16 décembre 2018

Ex-détenu, il revient visiter la prison d'Orléans où la moitié de sa famille a été incarcérée

Les visites de l'ancienne prison d'Orléans, organisées par l'office de tourisme avant la destruction prévue en janvier, sont l'occasion de rencontrer des visiteurs au passé surprenant...

Ex-détenu, il revient visiter la prison d'Orléans où la moitié de sa famille a été incarcérée

Lucie et Erika foncent dans chaque pièce de l'ancienne prison d'Orléans, sortent leur téléphone, filment, photographient, postent sur les réseaux sociaux, aussi.



Le guide de l'office de tourisme est déjà loin, et elles s'en moquent.

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A deux pas, leur père arpente les couloirs, dans le vent glacial de décembre. Discret, tête basse. Un peu comme s'il cherchait quelque chose. Il faut dire qu'à 49 ans, Hans replonge violemment dans un passé enfoui. Dans les années 80, quand il séjourna trois mois à la maison d'arrêt d'Orléans, pour un "truc con, une histoire de permis". Il voulait revoir les lieux, voir si "ça avait changé". Avant la destruction prévue le mois prochain.

Et alors ? "Un peu, mais pas le bâtiment. Je voulais voir aussi les cellules à l'étage, où on pouvait apercevoir la rue. C'était un ersatz de dehors. Et puis il y avait la bibliothèque, heureusement qu'elle était là. J'aimais y aller."

On comprendra quelques minutes plus tard que c'est aussi à l'étage que se trouvait la cellule d'Hans. Il y passera à peine une minute, pendant la visite, sans même le préciser à ses filles. Lucie et Erika, 24 et 19 ans, ont pourtant beaucoup entendu parler des lieux.

"Ça fait remonter des souvenirs, pas que désagréables. Une solidarité se formait et on faisait le tri entre les gens, comme dans la vie..."

HANS (Ancien détenu de la maison d'arrêt d'Orléans)

"Je suis venue ici chaque semaine pendant trois ans et demi, raconte la première, les yeux rougis.  Je venais voir mon frère, qui était incarcéré. Je n'ai pas raté un seul mercredi.  Et après il est parti à la prison de Châteaudun, où il est mort, en 2014."

Sa soeur l'arrête, trop d'émotion. Car la prison d'Orléans, celle de leur ville, c'est aussi un peu "leur prison". "On voulait voir l'intérieur, pas juste les parloirs. Voir où notre frère a vécu, sans nous. Il était costaud hein, parce qu'elle est vieille cette prison... Tout le monde est passé ici dans la famille. Mon père il y a longtemps, mon frère, ma mère, aussi, en 2001 (pour un mois)..."

Drôle de visite. "J'ai appelé plusieurs fois pour réserver des places pour la visite, mais c'était complet, ajoute Hans. Alors j'ai réessayé. Là, je suis en vacances, ça m'occupe." Il repasse par la petite salle de sport au parquet jonché de fientes de pigeons. Il fait toujours aussi froid. "C'était pas bien chauffé non plus à l'époque, marmonne-t-il. C'est tellement grand, faut dire. Ça fait remonter des souvenirs, pas que désagréables. Une solidarité se formait et on faisait le tri entre les gens, comme dans la vie..."

Lucie et Erika ont déjà filé vers l'extérieur, près de la sortie. Vers les parloirs...

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