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mardi 12 mars 2019

Prison de Fresnes : le responsable des parloirs « laissait passer nourriture, alcool et téléphones »

Ce surveillant expérimenté était toujours en garde à vue ce mardi après-midi pour « corruption passive ».

Prison de Fresnes : le responsable des parloirs « laissait passer nourriture, alcool et téléphones »

Avec deux autres responsables, c’était lui le patron du parloir. Une figure de la prison de Fresnes qui dirigeait depuis des années les jeunes gardiens. Mais depuis lundi après-midi, ce surveillant gradé est en garde à vue dans les locaux du groupe Ouest du SDPJ 94 à Villejuif.



Il s’y trouvait toujours ce mardi en fin d’après-midi. Parmi tous les faits qui lui sont reprochés, il est soupçonné de corruption passive.

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« On sait qu’il laisse passer des téléphones, de la nourriture ou de l’alcool, soupire une source proche de l’enquête. D’ailleurs, à vrai dire, tout le monde le sait. Il y a eu beaucoup de rapports de surveillants qui ne comprenaient pas qu’il soit aussi souvent au contact des familles de détenus. Certains gardiens se taisaient sur son comportement. Mais d’autres en avaient assez. L’administration pénitentiaire n’en pouvait plus également. »

Lundi après-midi, les enquêteurs ont donc débarqué au parloir de Fresnes. « Il a été interpellé devant tout le monde, lâche un surveillant. Les collègues, les familles des détenus… » Son casier a été fouillé. Les policiers agissaient dans le cadre d’une commission rogatoire délivrée par un juge d’instruction.

« La prison est réputée pour la corruption qui y règne »

Car l’affaire ne date pas d’hier. « Une information judiciaire a été ouverte dès le mois d’août », contextualise le parquet de Créteil. Cet été-là, une aide-soignante qui travaillait à l’hôpital du centre pénitentiaire avait été interpellée par le SDPJ pour avoir fourni de la drogue à un détenu. Elle était elle-même approvisionnée par… un surveillant.

« Quatre personnes avaient été mises en examen dans le cadre de ce dossier, précise une source judiciaire. Un gardien, placé en détention provisoire, l’aide-soignante de 23 ans, sous contrôle judiciaire pour complicité de trafic de stupéfiant, un homme extérieur à la prison incarcéré pour corruption active et trafic de stupéfiants et une femme, elle aussi étrangère à la maison d’arrêt et placée sous contrôle judiciaire. »

Deux autres affaires distinctes avaient éclaté à Fresnes l’année dernière. Au printemps dernier, le chef de détention de l’une des trois divisions de la prison avait été arrêté. Toujours incarcéré, ce proche de l’ancien directeur était soupçonné d’avoir accordé des faveurs à des détenus, dont Arnaud Mimran, l’une des chevilles ouvrières des abyssales fraudes à la taxe carbone.

Et toujours l’été dernier, une infirmière de l’établissement pénitentiaire avait été placée en détention provisoire pour avoir fourni de la drogue, notamment de la cocaïne, ainsi que des téléphones à un détenu.

« A l’école des surveillants, on sait déjà que la prison de Fresnes est réputée pour la corruption qui y règne, assure une source proche du dossier. Certains élèves la choisissent même pour cela, car ils savent qu’ils peuvent arrondir leurs fins de mois. »

Le Parisien




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