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samedi 15 juin 2019

Prise d’otages à la prison de Condé-sur-Sarthe : "Il préparait son coup depuis trois semaines"

Le personnel pénitentiaire de la prison de Condé-sur-Sarthe avait signalé le changement de comportement de Francis Dorffer plusieurs semaines avant la prise de deux surveillants en otage mardi.


"On savait que ça allait finir par merder, se désole un membre du service pénitentiaire d’insertion et de probation. On a alerté, et rien.



" Loin des abords immédiats de la prison la plus sécurisée de France et de ses micros déclenchables à distance, les langues se délient vendredi, trois jours après la prise d’otages. Mardi soir, racontent des surveillants, Francis Dorffer, détenu particulièrement signalé de 35 ans dont 29 passés entre les murs, distribue les repas aux autres prisonniers, encadré de Gérard, surveillant depuis dix ans, et d’Océane, jeune stagiaire d’une vingtaine d’années.

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Une fois toutes les cellules refermées, d’après des témoignages recueillis sur place, Francis Dorffer s’écrie "Surveillants! Prise d’otages!" et entraîne ses deux victimes dans sa cellule, armé de deux pics artisanaux. Le détenu, qui en est à sa sixième prise d’otages, "leur explique tout ce qu’il va se passer, détaille son avocat Me Thomas Hellenbrand. L’alarme, le contact avec le directeur de l’établissement, puis les négociateurs des ERIS et du RAID."

Comme d’habitude, il réclame un transfert. Qu’il obtiendra puisqu’il se trouve actuellement à la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis. Avec le statut de prévenu, dans l’attente de son procès pour la prise d’otages.

Sa femme est enceinte d'un autre homme

"Il préparait son coup depuis trois semaines, râle Frédéric Eko, délégué régional du SNEPAP-FSU et surveillant à Condé-sur-Sarthe. Le travail n’a pas été fait." Depuis peu, sa femme ne venait plus le voir au parloir, et pour cause, indiquent des sources internes à l’établissement : "Elle avait un nouveau copain dont elle est enceinte." La nouvelle du placement en foyer de son fils, "un bébé-parloir de 8 ou 9 ans", précise son avocat, a achevé de le faire vriller.

Frédéric Eko déplore que ce détenu "instable" ait été choisi par la direction pour être auxiliaire, lui donnant le droit d’aller et venir en détention. Dans une explication du chef d’établissement à la chancellerie que nous avons pu consulter, ce dernier indique que Dorffer n’exerçait plus cette fonction "depuis avril et une hospitalisation". Ce que réfute le délégué syndical : "Alors pourquoi distribuait-il les repas?"

D’après des surveillants, c’était une manière d’acheter "la paix sociale" : son (maigre) salaire lui permettait d’acheter du tabac et Dorffer, intolérant à la frustration, pouvait devenir "incontrôlable" en cas de manque. Une de ses revendications lors de la prise d’otages était d’ailleurs d’obtenir du Subutex, substitut de l’héroïne.

Nicole Belloubet va lancer une mission d’inspection

Autre point soulevé par les surveillants : que faisait un détenu de ce pedigree en détention classique, alors qu’à son arrivée à Condé-sur-Sarthe en 2012 il se trouvait sous le régime de l’isolement "équipé"? A chaque fois que les surveillants ouvraient la porte de sa cellule, ils devaient se vêtir "comme des CRS" explique Frédéric Eko. Peu à peu, ses conditions de détention s’étaient assouplies...

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