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mercredi 16 octobre 2013

Incarcéré depuis 38 ans, Philippe El Shennawy veut sortir de prison

La grâce présidentielle que lui a accordée François Hollande au printemps permet à Philippe El Shennawy de demander une libération conditionnelle.
Photo d'illustration - Philippe El Shennawy, qui a passé 38 ans en prison, fait une demande de libération conditionnelle.
Après 38 ans passés en prison, Philippe El Shennawy va-t-il retrouver l'air libre ? La justice doit examiner jeudi une demande de libération conditionnelle de Philippe El Shennawy, qui a passé 38 ans en prison et a bénéficié au printemps d'une grâce présidentielle partielle. L'audience se déroulera à la prison de Fresnes (Val-de-Marne), où est incarcéré Philippe El Shennawy, condamné à de multiples reprises pour braquages et évasions et dont la peine court jusqu'en 2032, ont indiqué ses avocats, Mes Maud Marian et Julien Dubs. Ses défenseurs demandent sa "libération conditionnelle avec placement sous surveillance électronique probatoire", a précisé Me Dubs, c'est-à-dire induisant le port d'un bracelet électronique, pour une durée, fixée par la justice, généralement comprise entre un et trois ans.

Fin mars 2013, Philippe El Shennawy, âgé de 59 ans, avait bénéficié d'une grâce présidentielle partielle, François Hollande annulant sa période de sûreté de trois ans. C'est cette décision du chef de l'État qui a ouvert la voie à une éventuelle libération conditionnelle du détenu. Quelques jours plus tard, début avril, ses avocats déposaient auprès du tribunal de Créteil une demande d'aménagement de peine. Sa femme, Martine El Shennawy, s'est dite "confiante" à la veille de l'audience. "Le dossier est super bien ficelé. Un travail l'attend, dans l'événementiel, un toit, une famille, des amis. Les conditions sont parfaites", a-t-elle détaillé. "Tous les éléments de réinsertion requis sont très bons. Il a signé un contrat de travail, a suivi de nombreuses études supérieures en détention. Les synthèses des psychologues, les avis des intervenants sociaux en prison, l'enquête de police sont positifs", a confirmé Me Jubs, faisant part de son optimisme quant à la décision du tribunal d'application des peines (TAP), qui avait déjà accordé des permissions de sortie à son client cet été.

"Pas de perspective garantie" (avocat)

Mais le parquet avait alors fait appel. En écho avec sa consoeur Me Marian, il anticipe donc une "opposition radicale et systématique". En cas de décision du TAP favorable à Philippe El Shennawy, un appel du parquet, suspensif dans les 24 heures, couperait ainsi court à son exécution et à une sortie de prison rapide. Philippe El Shennawy a été condamné à perpétuité en 1977 pour un braquage de banque avenue de Breteuil à Paris, avec prise d'otages, une attaque à laquelle il a toujours nié avoir participé. Libéré sous condition en 1990, il a été réincarcéré pour violation d'une interdiction de séjour à Paris, où il s'était rendu pour voir son fils.

Il s'est évadé à deux reprises, à l'occasion d'une permission en 1997, puis lors d'un séjour en unité pour malades difficiles en 2004, avant d'être repris dans les deux cas, après quelques mois de cavale durant lesquels il a commis plusieurs vols à main armée. Avant son recours en grâce, pour lequel il a reçu le soutien de dizaines de personnalités à travers une tribune publiée dans Le Monde, Philippe El Shennawy n'avait obtenu qu'une confusion de peines minimale, de cinq ans, devant la cour d'appel de Versailles en mai 2012. Cela l'avait conduit à observer une longue grève de la faim. "La vérité de la prison après 38 ans, c'est que chaque mois est très dur à faire. Ce n'est pas du tout tenable pour quelqu'un qui n'a pas de perspective garantie", a déclaré Me Marian, évoquant l'état d'esprit de son client.

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