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samedi 29 mars 2014

Procès de Francis Heaulme : un témoin surprise se présente 28 ans après le double-meurtre

Ce nouveau témoignage, qui laisse entendre qu'un autre homme serait mêlé à l'affaire, ne convainc pas les parties civiles
 
Procès de Francis Heaulme : un témoin surprise se présente 28 ans après le double-meurtre
Francis Heaulme, déjà condamné à la prison à perpétuité pour neuf meurtres, se dit innocent dans l'affaire du double meurtre de Montigny-lès-Metz
 
A trois jours du procès de Francis Heaulme, qui comparaît devant la cour d'assises de Moselle pour le double meurtre de Montigny-lès-Metz (Moselle), un témoin surprise laisse entendre, vingt-huit ans après les faits, qu'un autre homme serait mêlé à cette affaire, un nouveau témoignage jugé toutefois peu crédible par les parties civiles.
Ce nouveau témoin est un ancien conducteur de train, qui s'était présenté une première fois auprès des enquêteurs il y un an et qui s'est de nouveau manifesté il y a quelques semaines après avoir visionné des émissions de télévision consacrées à cette affaire.

Retraité de la SNCF, il assure avoir vu, depuis sa locomotive, un homme "costaud et petit", "trapu", portant un t-shirt blanc "taché de sang" courir le long des voies ferrées, à l'heure et à proximité des lieux où ont été retrouvés, le 28 septembre 1986, les corps de Cyril Beining et Alexandre Beckrich. Selon lui, cet homme ne serait autre que Henri Leclaire, le premier suspect interpellé dans l'affaire
  • Des similitudes mais pas de certitude
Il aurait réalisé cette ressemblance, "à 90%", entre l'homme aperçu le long des voies le jour du crime et Henri Leclaire en regardant des photos de lui sur Internet. "Il y a énormément de similitudes", a-t-il dit, selon une source judiciaire. Interrogé sur le fait d'avoir attendu tant de temps pour se manifester, il a répondu qu'il "n'avait pas la certitude que c'était lui la personne que j'ai désignée sur les photos et que j'ai vu courir le long du train", a-t-il affirmé aux enquêteurs.

Henri Leclaire, qui a bénéficié d'un non-lieu dans cette affaire en 2013, est cité en tant que témoin assisté au procès de Francis Heaulme et doit être entendu le 8 avril par la cour, le même jour que ce témoin de dernière minute.
  • Des propos qui confortent la thèse de Francis Heaulme
Un deuxième témoin avait été interpellé peu après lui et avait fini par se rétracter au cours de sa garde à vue. Les enquêteurs avaient ensuite réussi à obtenir les aveux d'un troisième témoin, Patrick Dils, un adolescent de 16 ans fragile et introverti, qui sera condamné deux fois pour ce double meurtre. Ce dernier sera définitivement acquitté en 2002, au bout de 15 ans de prison.

Les propos de ce témoin inattendu confortent la thèse de Francis Heaulme, déjà condamné à la prison à perpétuité pour neuf meurtres, mais qui se dit innocent dans cette affaire et pour qui le véritable coupable serait Henri Leclaire.
  • Les avocats dubitatifs
Les avocats de la partie civile sont pour le moins dubitatifs face à ce nouveau rebondissement: "Dans les dossiers médiatisés, il y a toujours des témoins de la dernière heure. (...) Intuitivement je n'y crois pas (...) Mais il faut le voir, l'écouter, le cuisiner", a déclaré Me Thierry Moser, l'avocat des parents d'Alexandre Beckrich.

De son côté, Me Dominique Rondu, l'avocat de la grand-mère d'Alexandre, Ginette Beckrich, juge lui-aussi ce témoignage "bien tardif", précisant que l'aide conducteur ce jour-là "n'a rien vu" et que son collègue ne lui en a "jamais parlé", ni à lui ni à personne d'autre à la SNCF après le double meurtre.

"Encore un qui arrive 30 ans après", soupire également Me Dominique Boh-Petit, avocate de Gabrielle Beining, la mère de Cyril, l'autre victime. "On en aura encore d'autres des témoins comme ça" durant le procès, pense-t-elle.
  • Deux rebondissements en une semaine
Lors du troisième procès de Patrick Dils en 2002, deux pêcheurs avaient indiqué qu'ils avaient aperçu Francis Heaulme à quelques kilomètres du lieu du crime ce jour là, ensanglanté et pas dans son état normal.

Ils avaient affirmé l'avoir ramené chez sa grand-mère à Vaux (Moselle). Ils doivent pour leur part témoigner au procès le 14 avril.

 Cette affaire a déjà connu un rebondissement en début de semaine, avec une graphologue, Christine Jouishomme, qui affirme qu'une lettre anonyme envoyée à la police après le meurtre des deux enfants serait de la main de Francis Heaulme. 
Sud Ouest

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