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lundi 28 avril 2014

Après l'incendie dans une cellule à Neuvic (24) : les agents de la prison tirent la sonnette d'alarme

Samedi, un détenu s’est grièvement brûlé en mettant le feu à sa cellule. Le personnel du centre fait part de son inquiétude

Après l'incendie dans une cellule à Neuvic (24) : les agents de la prison tirent la sonnette d'alarme
C’est au centre de détention de Neuvic qu’a eu lieu l’incendie.
«L'incident n'aurait pas dû avoir lieu. » Dans le centre de détention de Neuvic-sur-l'Isle, le syndicat Ufap-Unsa tire la sonnette d'alarme. Samedi, le personnel de la prison et les détenus ont connu une belle frayeur, en voyant arriver de nombreux pompiers dans le bâtiment. Un incendie, qui a rapidement été maîtrisé, s'est en effet déclaré dans une cellule, en fin de matinée, dans ce centre de détention d'une capacité de 400 places, brûlant grièvement son occupant.

Avec des allumettes
 
Il semble que c'est le détenu lui-même, âgé de 22 ans, qui aurait mis le feu à son matelas et à ses couvertures. « Ce jeune homme avait été placé dans le quartier disciplinaire suite à des dégradations dans sa cellule », précise Stéphane Renard, le vice-procureur de la République de Périgueux. L'homme avait en effet des allumettes sur lui et a pu, malgré le matériel ignifugé, qui est notamment installé dans les cellules du quartier disciplinaire, mettre le feu au matelas.

Ce détenu a été brûlé au niveau du visage, du thorax et des bras, et a dû être transporté en hélicoptère à l'hôpital Pellegrin de Bordeaux. « Nous avons préféré l'envoyer au centre des grands brûlés afin qu'il bénéficie de soins adaptés », explique Jean-Michel Camu, le directeur interrégional adjoint des services pénitentiaires de Bordeaux. « Pour le moment, on ne connaît toujours pas les motivations de cette personne quant au fait qu'elle ait mis le feu à sa cellule », poursuit-il.

Toutefois, plusieurs agents de la prison avancent l'hypothèse d'une tentative de suicide, ou « en tout cas, d'un appel à l'aide ». Car ce détenu « avait déjà tenté d'attirer l'attention quelques jours auparavant ». Le problème, selon les syndicats, c'est qu'il n'y a plus de psychiatre dans l'enceinte de l'établissement. « Avant, nous en avions un à temps plein et depuis trois mois, son absence fait cruellement défaut. » Des agents considèrent ainsi que « si une écoute avait été possible, cela aurait peut-être pu aider le détenu ». D'autant que de nombreux prisonniers présentent un profil qui nécessite un suivi psychiatrique.

Pour le personnel, il est clair que l'incident s'inscrit dans « une ambiance particulière où les conditions de détention ne cessent de se dégrader ». Samedi, également, alors qu'un détenu très vindicatif venait d'être enfermé dans sa cellule pour éviter qu'il ne frappe des surveillants, cinq autres prisonniers d'une autre aile sont venus pour en découdre avec le personnel. « C'est extrêmement rare et ça montre vraiment l'ambiance particulière qui règne en ce moment », poursuit l'Unsa.

Manque de personnel

Le syndicat prévient ainsi la direction de Neuvic qu'il va « falloir repérer les détenus qui ne présentent pas un profil adapté à ce centre de détention ». Car en plus de ce problème déjà pointé du doigt à Neuvic, le centre de détention souffre d'un manque de personnel. « Nous travaillons avec huit agents de moins que ce qu'il devrait y avoir normalement. C'est énorme. »

Samedi, dix autres personnes - six détenus, eux aussi placés dans le quartier disciplinaire, et quatre membres du personnel du centre de détention - ont été incommodées par les fumées, sans pour autant subir de blessures particulières ni être intoxiquées.

Une enquête de gendarmerie a été ouverte et une autre sera menée également en interne, afin de déterminer les circonstances de l'incendie. Le parquet de Périgueux espère pouvoir entendre la victime dans le courant de la semaine, si son état s'améliore.
Sud Ouest

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