Pages

mercredi 2 avril 2014

Christiane Taubira reste à la justice

La garde des sceaux va tâcher de faire aboutir « sa » grande loi, la réforme pénale, plusieurs fois annoncée et sans cesse repoussée par l’Élysée.
 
Christiane Taubira, ministre de la justice reconduite.                        
Christiane Taubira, ministre de la justice reconduite.

Une rumeur insistante la donnait partante. Soit du gouvernement, soit en tout cas de la Place Vendôme. La garde des sceaux reste finalement en poste.

Dans l’équipe gouvernementale, elle représente à la fois la diversité (avec George Pau-Langevin) et, dans un tout autre registre, la solidité. Une qualité essentielle dans un nouveau gouvernement qui veut montrer moins d’amateurisme et plus de professionnalisme.

Et puis ses relations avec Manuel Valls se sont normalisées. Initialement, plusieurs passes d’armes avaient opposé les deux ministres dans le gouvernement Hollande I. Rien toutefois que de très classique : les dissensions entre l’intérieur, qui représente l’ordre, et la Chancellerie, en charge de la politique pénale notamment, sont une constante que l’on retrouve dans la plupart des gouvernements.

La ministre du « mariage pour tous »

Reste que pour une partie de l’opinion, Christiane Taubira est « la ministre du mariage gay » et de l’ouverture de l’adoption aux couples de même sexe. Cette réforme sociétale lui a valu d’être vivement critiquée à droite et de subir des attaques violentes. Elle lui a aussi acquis les faveurs de la gauche. Et ce malgré son refus, parfois mal compris dans son propre camp, d’ouvrir l’aide médicale à la procréation aux couples de femmes.

En revanche, Christiane Taubira a encore peu de réalisations à son actif en tant que garde des Sceaux. Si les magistrats ont salué la rapidité avec laquelle cette non-juriste s’est plongée dans ses dossiers, ils ont souvent déploré l’absence de réforme d’ampleur sur le terrain judiciaire. Faute de majorité au parlement, la réforme du statut du parquet n’a finalement pas vu le jour. Les peines plancher et la rétention de sûreté n’ont pas été abrogées.

LA REFORME PÉNALE EN SUSPENS

Mais la priorité de Christiane Taubira, sa grande loi en matière de justice, c’est la réforme pénale. Censée lutter contre la récidive en recourant davantage au suivi en milieu ouvert plutôt qu’à la prison, cette réforme qui concentre les critiques de la droite n’a cessé jusqu’alors d’être reportée par l’exécutif. Avant le remaniement, son examen était prévu à partir de mercredi 2 avril en commission à l’Assemblée nationale pour un passage du texte dans l’hémicycle à partir du 14 avril. Ces deux rendez-vous sont aujourd’hui reportés.
Qu’adviendra-t-il de ce projet phare ? Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, s’y était à plusieurs reprises opposé et avait eu l’oreille de l’Élysée, désireux de ne pas alimenter davantage encore le procès en laxisme instruit par la droite à l’encontre de la garde des Sceaux. L’UMP réclame de nouveau avec insistance, particulièrement depuis dimanche 30 mars, le retrait de la réforme. Rien n’est encore joué.
La Croix

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire