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vendredi 25 avril 2014

Soupçons d’évasion à la prison d’Arras : les quatre détenus finalement relaxés

Un trou dans le plafond d’une cellule, une corde de quinze mètres confectionnée à l’aide de draps, quatre détenus qui se baladent dans les combles et un prisonnier en perdition sur le toit d’une prison ne constituent pas forcément une tentative d’évasion.
 
C’est ce qu’il faut retenir de l’audience de ce jeudi, lors de laquelle quatre détenus de 18 à 30 ans ont simplement été condamnés pour dégradations, ou outrage, ou recel d’objets divers et variés, mais surtout interdits. Explications.
 
Quatre des six détenus étaient jugés au tribunal pour tentative d’évasion de la prison d’Arras.VDNPQR
Quatre des six détenus étaient jugés au tribunal pour tentative d’évasion de la prison d’Arras.

L’affaire a défrayé la chronique pénitentiaire arrageoise, le jugement ne devrait pas rassurer les surveillants. Mercredi 16 avril, les surveillants découvraient un trou creusé dans le plafond de la cellule D118 de la maison d’arrêt d’Arras, bien caché par une couverture savamment colorée au dentifrice. Dans les combles, une corde bricolée à l’aide de draps et des vestiges d’une soirée d’ivresse, entre autres. Sur le toit, des tuiles descellées. Autant de signes d’une évasion longuement mûrie ? Pas vraiment, ont considéré les juges du tribunal correctionnel, ce jeudi, en comparution immédiate.

Certes, le projet leur a effleuré l’esprit sur fond d’alcoolisation (ils avaient récupéré des bouteilles en plastique pleines d’alcool dans les combles suite à des projections de l’extérieur, NDLR). Surtout celui de Brahim Seghir, un jeune de 18 ans plus aventureux que les autres. « On y a pensé, mais on n’a pas essayé », assure M. Seghir, qui a par ailleurs tenté de s’échapper du commissariat. « J’ai pensé à ma copine, il me restait qu’un an à faire », détaille Natale Siggilino pour expliquer son renoncement. La peur du vide a eu aussi son importance. « C’était juste pour se la péter, je ne l’aurais pas fait », abonde un autre. « Ils se sont dégonflés comme des ballons de baudruche », résume Me Blanchart.

La substitut du procureur Guédon a beau requérir la peine plancher, soit trois ans de prison ferme, les quatre avocats, Me Blanchart, Beben, David et Osseyran, s’engouffrent dans la brèche juridique. « À partir du moment où ils se sont arrêtés volontairement dans leur tentative, peu importe le mobile, l’infraction ou le délit n’est pas punissable », insiste Me David.

Dès lors, les occupants de la cellule D118 n’ont été condamnés que pour dégradation de leur cellule ou recel d’objets interdits. Teddy Blicq, Brahim Seguir et Natale Siggilino ont été condamnés à six mois de prison ferme, David Ditte écopant lui de neuf mois ferme (il avait aussi outragé un magistrat). Si l’un des quatre détenus reste incarcéré à Arras, les trois autres ont été ventilés à Longuenesse ou Sequedin.

EN CHIFFRES

15.
C’est, en mètres, la longueur de la « corde » confectionnée par les détenus à l’aide de draps.
23.
C’est le nombre de bouteilles en plastique autrefois pleines d’alcool découvertes dans la cellule ou dans les combles de la cellule D118. Des résidus de « missiles » lancés depuis l’extérieur de la maison d’arrêt, située dans une sorte de cuvette en cœur de ville.
7.
C’est le nombre de téléphones portables retrouvés dans la fameuse cellule. Avec prises USB, chargeurs et kit mains libres pour plus de confort. Une tablette tactile Samsung a même été saisie !
3.
C’est le nombre de fois où les quatre détenus seraient montés dans les combles, grâce à un trou préexistant agrandi à l’aide d’une barre de fer. Pas assez apparemment pour l’un des six détenus, sa corpulence l’empêchant d’accéder au toit. C’est d’ailleurs ce qui l’a sauvé de l’audience d‘hier.

La Voix du Nord

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