Le congrès national de l'UFAP-UNSA justice débute aujourd'hui à l'espace François-Mitterrand de Boé pour trois jours. 450 personnels pénitentiaires vont prendre part aux élections et aux débats.
Ce congrès est organisé tous les trois ans. Cette fois, il a été prorogé d'une année. Il est l'aboutissement du renouvellement des structures locales, régionales, entamé en octobre dernier. Là, les 159 syndicats locaux présents vont élire le bureau permanent, le staff exécutif. C'est aussi le moyen d'impulser nos revendications pour les prochaines années, la validation de notre politique pénitentiaire, une motion pour l'action sociale des personnels, une autre pour les traitements et indemnités, et une quatrième sur les conditions de vie et de travail, et les risques psychosociaux.
Quels en seront les temps forts ?
Des conférences associant des intervenants et des personnels, et des échanges avec la salle. Jeudi matin, les violences en milieu carcéral seront abordées lors d'une table ronde avec un focus sur les prises d'otages de personnels, accompagné de témoignages, d'interventions d'avocats pénalistes et d'un syndicaliste qui a eu à gérer des situations de tensions.
Vous parlez d'une nécessaire évolution de vos métiers, autre thème du colloque ?
Oui, nous demandons que le contenu de nos missions de garde et de réinsertion soit recentré autour des personnels, qu'il soit étoffé, que l'on ait l'autorité sur les changements de cellules et les affectations. Nous sommes réduits à un rôle de porte-clés, de «room service» avec des violences à la clé. La population carcérale nous marche dessus. Nous voulons être associés aux décisions. Nous en sommes privés par la volonté de nos dirigeants et le manque de moyens en personnels.
Cela passe par quelles propositions concrètes ?
Parfois, on se retrouve seul avec 100 détenus à gérer. Nous proposons que les agents soient affectés en équipe par bâtiment, une autre approche de la population pénale et que nous puissions décider des mouvements à l'intérieur. Car on assiste à un glissement de nos missions. Nous sommes sollicités tout le temps pour accompagner un détenu chez le médecin, l'infirmière, en classe… Cela désorganise tout, sans parler de la sécurité. Nous devons au pied levé, caler nos emplois du temps sur ces rendez-vous, alors que ce devrait être le contraire. La vie collective le subit.
De plus, la libre circulation instaurée, est aussi délicate à gérer. Elle favorise des rassemblements. Nous n'avons plus aucun contrôle. On ne sait jamais où sont vraiment les détenus, la journée. C'est la porte ouverte aux saccages, trafics, règlements de comptes.
Trouvez-vous que la population s'est durcie et que la violence est omniprésente ?
Oui, on a constaté déjà une évolution du nombre des détenus, aucun respect des règles, une agressivité entre eux et envers nous, un appel à la vindicte. La fille d'un collègue a été agressée. La violence qui existe dehors est encore plus prononcée à l'intérieur. La prison est tenue par le caïdat, la drogue. Nous voulons que soient rétablies les fouilles systématiques, dès qu'il y a un contact extérieur. Les trouvailles aux parloirs sont en hausse. Les fouilles ont été supprimées, alors que nous nos propres affaires sont passées au détecteur. Nous devons les mettre dans des sacs transparents et laisser nos portables au casier.
Le détenu, lui, n'a aucune obligation, livré à l'oisiveté. Pour celui qui veut s'en sortir, c'est dur, la difficulté ce sont ses codétenus, d'où des suicides et beaucoup de vies que nous sauvons aussi. Nous allons la semaine prochaine à Matignon pour réclamer le repositionnement du surveillant et que soient pourvus les 800 emplois vacants.
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