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samedi 20 septembre 2014

Marseille - coup de chaud à la prison des Baumettes

Les surveillants ont refusé de prendre leur travail et ont bloqué les lieux.
Faits Divers - Justice - Actualités - Marseille : coup de chaud à la prison des Baumettes
Les surveillants ont multiplié les affichages et bloqué l'entrée avec des palettes de bois, mais les CRS ont chargé.

Il est des ambiances qui en disent plus long que les plus longs discours. Au petit matin hier, le centre pénitentiaire des Baumettes à Marseille s'était fait une tête de révolté. Sa porte d'entrée avait été tapissée d'affichettes, comme autant d'éruptions cutanées qui auraient surgi en pleine nuit sur le malade surveillant.

Des slogans concis, mais pragmatiques : "Mon papa n'est plus jamais à la maison", "Ma vie vaut combien ?" "Je suis épuisé", "Respect"... L'heure n'est plus aux tergiversations. Les surveillants sont en colère. Ils travaillent trop. Palettes de bois et pneus devant la porte. Ils attendaient l'affectation de huit stagiaires aux Baumettes et les voilà qui ont appris que l'urgence était ailleurs, à Aix ou Grasse, où la surpopulation serait plus préoccupante encore.

Alors, ils ont bloqué les accès dès 6 h. Interdiction d'entrée pour les personnels de surveillance, mais aussi les administratifs et les techniques. Pas de transfèrements non plus vers les palais de justice. Parloirs différés. Seules les urgences médicales étaient assurées.

Le manque d'effectifs se fait sentir

Alors, la direction a très vite pris la mesure de la gravité de la situation. Le directeur interrégional adjoint des services pénitentiaires Pierre Raffin, mais aussi la directrice des Baumettes, Christelle Rotach, sont descendus battre le pavé. Ils ont tenté de convaincre les surveillants de prendre le travail. Ils savent qu'ils n'ont pas le droit de grève.

Mais pour eux, la coupe est pleine. Le manque d'effectifs se fait douloureusement sentir. Certains se mettent en maladie. Les autres ont, du coup, un travail accru. Ils font heures supplémentaires sur heures supplémentaires et la fatigue monte. "On ne réclame pas la lune. On demande juste l'arrivée immédiate des gens affectés sur l'établissement", dit Khalid Belyamani, délégué régional CGT des Baumettes. "On discute avec la direction et on lève le piquet de grève ensuite, sinon, on bouge pas !" lance David Cucchietti, secrétaire local CGT, à ses troupes.

Point d'intersyndicale hier. C'est la base qui gronde. Et c'est bien ce qui inquiète. Une sorte de mobilisation sans étiquette. 660 surveillants pour gérer quelque 2 000 détenus. Mais parfois, ce sont deux ou trois agents qui gèrent seuls la coursive. Alors, on jongle avec les postes. On prend ici pour mettre là.

"Ils ont pu exprimer leurs difficultés"

Résultat : une tension en hausse chez les détenus. D'autant que les projections récentes d'objets divers et variés, armes comprises, depuis l'extérieur, mais aussi l'absence de fouille systématique, ont changé l'ambiance. Violences entre surveillants et détenus, "caïdat" entre détenus...

À 9 h, les CRS ont chargé. À 10 h, les surveillants ont accepté de prendre leur service. En agents responsables. À l'intérieur, ça chauffe.

Hier, la direction a rencontré une délégation de protestataires. "Ils ont pu exprimer leurs difficultés, explique le directeur interrégional adjoint. On doit se revoir la semaine prochaine. On va voir ce qu'on peut améliorer et comment." Au mal-être des personnels, la direction n'a hélas que peu de solutions magiques à opposer. Le temps n'est plus aux guérisseurs. Il est aux vaches maigres.
La Provence

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