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mardi 2 septembre 2014

Un détenu particulièrement surveillé se débarrasse de ses menottes…

Abdel Nkaibi, un détenu fiché « maison centrale de Clairvaux ». Un profil atypique, de ceux que l’on surnomme couramment les longues peines et qui n’ont plus rien à perdre. Un homme déterminé dans ses choix, libérable en 2029. Provocateur au point d’orchestrer une mise en scène à la hauteur de la démonstration dont il sait qu’elle choquera.

Hier, il est un peu plus de 15 h lorsqu’il passe les portes de la salle d’audience du tribunal correctionnel de Troyes. Comme souvent ces dernières années, il comparait pour des faits d’outrages et de violences commis à l’encontre de plusieurs surveillants. Il porte un bonnet sur la tête et ses poignets disparaissent sous une veste noire. Comme pour cacher les menottes censées garantir la sécurité de ceux qui l’escortent et tuer dans l’œuf toute velléité d’évasion.

Incrédules

Le président ouvre les débats, Abdel Nkaibi enlève sa veste et tient son moment de gloire. « Je vais vous démontrer que les matons sont des crapules. L’un d’eux m’a vendu la clef des menottes et j’ai pu les retirer. Mais c’est moi seul qui ai coupé ma ceinture. » Les regards incrédules des gendarmes fixés sur ses poignets ne laissent planer aucun doute. Lors de son transfert vers le tribunal, Nkaibi était bien menotté. Sans aide extérieure, difficile de s’y soustraire. « Je vous le dis, j’ai payé pour avoir la clef et je m’en suis débarrassée. Voilà, maintenant vous savez et je n’ai rien d’autre à dire. »

Abdel Nkaibi livre le surnom du surveillant qui l’aurait aidé « pour que j’agresse les juges » puis se mure dans le silence. Il n’expliquera pas son geste, pas plus qu’il ne s’excusera d’avoir violemment frappé trois agents. « Ces gens ne respectent pas la loi pénitentiaire. C’est tout ce que j’ai à dire. »
Vingt-six mentions à son casier judiciaire, une détention rythmée par l’isolement, pas d’avenir et peu de volonté : Abdel Nkaibi ne travaille pas derrière les barreaux. Il se promène dans la cour de la maison centrale et laisse filer le temps. Quand il ne s’affronte pas avec les surveillants.

Pour le représentant du ministère public, rien ne sert d’expliquer à celui qui ne veut rien entendre. Il faut sévèrement sanctionner. Trois ans et six mois seront les réquisitions. À l’issue du délibéré, Abdel Nkaibi a été condamné à trois années de prison.

À quelques pas de là, de nouvelles investigations ont débuté. Il s’agit de chercher et de trouver comment ce détenu dont on connaît la dangerosité a pu se défaire de ses entraves.

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