Des photos prises en maison d’arrêt ont été découvertes sur Internet. Un incident qui renvoie au problème récurrent des téléphones portables introduits illicitement.
Un détenu compiégnois a réussi à placer trois photos de sa détention sur son Facebook. Ici, son dortoir.
Certains montrent leurs photos de vacances sur leur page Facebook ; d’autres choisissent de donner un aperçu de leur cellule en maison d’arrêt. Un détenu compiégnois s’est amusé à afficher trois photos sur le très populaire réseau social, entre le 21 et 30 novembre derniers. Il s’exhibe ainsi avec deux de ses codétenus ; il présente une vue d’ensemble de sa cellule, un dortoir de sept personnes. De nombreux messages de soutien lui sont parvenus : « Bon courage », « Prends soin d’toi »…
Provocation, sentiment d’impunité ou inconscience ? L’accès aux photos n’est même pas restreint. Des clichés vraisemblablement pris et envoyés sur Internet avec un téléphone portable, un objet interdit en prison.
Carte SIM dans le tube de dentifrice
Le directeur de la maison d’arrêt de Compiègne, Éric Tardieu, a saisi le procureur de la République de Compiègne. Le détenu, incarcéré il y a trois semaines, encourt, en plus, des sanctions disciplinaires. « Il est hors de question de laisser passer ça, de banaliser ces faits, souligne le patron de l’établissement pénitentiaire. Les détenus qui posent avec lui seront aussi inquiétés devant la commission de discipline. »Arrivé il y a deux ans à son poste de directeur, Éric Tardieu assure que c’est la première fois qu’il est confronté à ce cas de figure qui est loin d’être inédit dans le milieu carcéral. En octobre, un détenu de Béziers chroniquait ainsi sur Internet sa vie en prison, vidéos et photos à la clé.
L’incident de la page Facebook à Compiègne pose surtout la question des objets illicites introduits dans la maison d’arrêt : drogue ou encore téléphones portables. Une arme de poing avait même été découverte en avril 2013, cachée dans un livre de la bibliothèque.
« Nous découvrons assez régulièrement des téléphones portables », indique David Carpentier, secrétaire local CGT, confronté en revanche pour la première fois en quatre ans à des images affichées sur Facebook. Les détenus aménagent des doubles fonds pour dissimuler un portable, glissent une carte SIM dans un tube de dentifrice, annexent une aération…
Les objets illicites franchissent les murs en pierre de la prison de Compiègne, située dans le très chic quartier des Avenues, par deux biais : le parloir et les airs. Des objets sont placés dans de petits sacs et lancés par-dessus l’enceinte. Les détenus les récupèrent ensuite, généralement la nuit, au moyen de grappins qu’ils confectionnent. Il y a deux ans, des caillebotis (grilles avec des petits carreaux) ont été posés sur les fenêtres pour gêner la récupération des colis. Des filets anti-projectiles ont été placés, mais ne couvrent pas toute l’emprise de la prison. La cour des ateliers est à découvert, par exemple.
Autre voie de traverse : les visites. « Nous avons arrêté les fouilles corporelles systématiques (ndlr : qui sont contraires à la jurisprudence européenne). Beaucoup de portables ne sont plus en métal et passent le portique. » En revanche, la CGT estime les effectifs suffisants, avec 25 surveillants pour 80 détenus.
D’éventuelles améliorations à apporter ne sont plus d’actualité : la maison d’arrêt de Compiègne ferme ses portes à la fin de l’année 2015 : l’activité sera transférée dans la prison XXL de Beauvais, en cours de construction.
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