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dimanche 15 février 2015

Ex-détenu, j'ai eu un portable en prison : je voulais juste être proche de ma famille

 En 2014, 27.524 téléphones portables ont été saisis en détention. De plus en plus, la question de leur autorisation en prison se pose.
Au cours de ses 25 années de détention, Sylvain Chatelet a utilisé un portable pendant quelques mois. Selon lui, tous les détenus devraient avoir leur propre téléphone. Explications.
J’ai été incarcéré au début des années 2000, alors que ma compagne était enceinte. Tout de suite, on m’a proposé un téléphone portable, que j’ai refusé.

Quand mon fils est né, la situation est devenue difficile à vivre, autant pour moi que pour ma famille. Alors, j’ai changé d’avis et je me suis procuré un téléphone. Je n’ai eu aucune difficulté pour ça. Comme on me l’avait proposé, je n’ai pas cherché à comprendre d’où il venait.

Ce que je voulais, c’était seulement avoir des nouvelles de ma compagne et de mon enfant, qui venait de naître. A ma façon, je voulais être auprès d’eux.

On a saisi mon portable, ça a aggravé mon cas

Ce portable, je le mettais en mode silencieux ou en mode vibreur et je le cachais sur moi. Même si les détecteurs de métaux ne réagissent pas aux téléphones, c’était risqué, car il y avait souvent des fouilles.

Évidemment, je ne pouvais pas utiliser mon portable n’importe quand. Dans ma cellule, j’appelais ma compagne et je parlais à voix basse, pour ne pas que l’on m’entende.

J’ai utilisé ce téléphone pendant quatre mois, puis on me l’a saisi. Il y a eu des suites judiciaires et ça a aggravé ma situation : j’ai été condamné à six mois de plus.

Tout de suite après, on m’a proposé à nouveau un téléphone. Cette fois, j’ai refusé, car je ne voulais pas qu’il y ait d’autres conséquences. Avec ma compagne, nous nous sommes donc contentés des lettres et des cabines téléphoniques.

C’était compliqué, parce qu’en prison, il n’y a qu’un ou deux téléphones pour cent détenus. Même si on avait le droit de l’utiliser tous les jours, ce n’était pas forcément possible, car la file d’attente était longue.

C’est pour cette raison que certains détenus psychologiquement fragiles se moquaient des conséquences et continuaient d’utiliser un portable même après s’être fait attraper.

Chaque détenu devrait avoir un portable

Il faut comprendre que c’est un outil indispensable pour garder contact avec ses proches lorsque l’on est enfermé. Tout comme les parloirs, ce sont de petits moments de paix.

Il est possible que certains s’en servent pour régler des affaires à l’extérieur, mais c’est une minorité. Il n’y a qu’à regarder les chiffres :

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