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mercredi 18 mars 2015

BEAUVAIS - Des travailleurs sans papiers sur le chantier de la prison

Six employés d’un sous-traitant de Spie Batignoles, porteurs de faux papiers, sont suspectés d’avoir travaillé illégalement à la construction du nouveau centre pénitentiaire de Beauvais.

Les ouvriers clandestins étaient chargés d’une partie de l’électricité dans la future prison.
Sur le chantier de la prison se trouvent aussi des chefs d’entreprise aux pratiques douteuses et répréhensibles. Le 20 février, le patron d’une société, qui s’était vue confier par le maître d’œuvre Spie Batignolles l’installation d’une partie du système électrique, a été interpellé et mis en examen pour travail illégal et aide au séjour irrégulier. Ce dernier, toujours incarcéré, est suspecté d’avoir fait travailler sur le chantier de la prison, depuis le mois de janvier, six ouvriers munis de faux papiers.
 
Depuis son lancement, la construction du centre pénitentiaire de Beauvais, qui pourra accueillir 594 détenus, fait l’objet de toutes les attentions. Y compris celles des concurrents de Spie Batignolles et des entreprises locales de travaux publics, qui dénonçaient déjà l’année dernière la concurrence déloyale de sociétés employant des travailleurs illégaux sur ce chantier.

Un premier contrôle en juin n’avait rien donné

En juin, les inspecteurs du Comité opérationnel départemental antifraude avaient contrôlé les ouvriers. Une opération, qui selon le maître d’œuvre à l’époque, n’avait revélé «  aucune irrégularité  ».
Après l’arrestation compromettante du mois dernier, le maître d’œuvre s’explique. «  Une enquête est en cours dont on ne connaît pas encore les tenants et les aboutissants. Mais cette entreprise mise en cause et choisie comme sous-traitant, chargée de passer des câbles pendant une durée bien déterminée, est bien française. Elle employait des salariés qui, selon nous, étaient porteurs de papiers européens, avec peut-être des origines pakistanaises pour certains  », explique Pascal Pilon, directeur de la communication de Spie Batignoles.
Le géant du BTP, responsable de ses sous-traitants, affirme contrôler minutieusement chaque entreprise qui intervient sur n’importe lequel de ses chantiers. «  Ce sont des procédures lourdes, denses, mais que nous sommes obligés de respecter  », ajoute le représentant de Spie Batigoles qui dresse la liste des documents à fournir pour les sociétés collaboratrices. «  Chacune doit présenter la liste nominative de tous les salariés, étrangers compris. Le document unique d’embauche – à quel moment et sous quel type de contrat – est vérifié, ainsi que les pièces d’identité de chacun, l’attestation URSSAF et caisse de congés payés de l’entreprise de bâtiment, les extraits de déclaration de société, son numéro de TVA. Des preuves d’assurance, de capacités financières de l’entreprise que Spie Batignoles réclame en plus des documents obligatoires. Le seul problème, c’est que nous ne sommes pas à l’abri de la présentation d’un faux document et nous avons peu de moyens pour en vérifier l’authenticité de façon approfondie  », reconnaît le maître d’œuvre.

La sécurité en question
sur le chantier de la prison

L’emploi de travailleurs illégaux est d’autant plus préoccupant sur le chantier d’une prison, établissement sensible, commandé par l’État. Mais Spie Batignolles revendique la sécurité du chantier. «  Chaque personne est systématiquement contrôlée, elle dispose d’un badge. Aucun document compromettant pour la future prison n’est divulgué à aucune entreprise qui intervient sur le chantier. Tout ce qui doit rester confidentiel reste dans les mains d’intervenants restreints, pour garantir la sécurité de l’établissement et de notre maître d’ouvrage  », insiste Pascal Pilon.
 
Incapable de donner le nombre exact de sous-traitants qui interviennent sur le chantier du centre pénitentiaire de Beauvais, Spie Batignoles rappelle toutefois son engagement «  maintenu  », selon son directeur de la communication, «  de faire travailler 30 à 40 % de PME locales  ».
L’an dernier, le préfet de l’Oise, Emmanuel Berthier, réaffirmait, au côté de Jean-Philippe Vicentini, procureur de la République de Beauvais, devant la Fédération du bâtiment de l’Oise sa volonté de combattre le travail illégal dans ce domaine d’activité. Il y a visiblement des lacunes sur un chantier pourtant sous haute surveillance.

Un centre pénitentiairelivré le 21juin

À côté de cette polémique, le maître d’œuvre estime être dans les temps et livrera le futur centre pénitentiaire le 21 juin. Le transfert des détenus des actuelles maisons d’arrêt de Beauvais et Compiègne est attendu dans la foulée. Le gros œuvre est terminé depuis novembre dernier. Rappelons que Spie Batignolles est actuellement aux commandes de quatre nouveaux centres pénitentiaires à Beauvais, Valence (Drôme), Riom (Puy-de-Dôme) et Lutterbach (Haut-Rhin).
www.courrier-picard.fr

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