« Y’a plus de politiques en prison. Ils sont tous amnistiés maintenant, alors, ça ne les touche plus ! » lance un manifestant. Une façon désabusée d’expliquer l’état d’abandon dans lequel se sentent les agents de l’administration pénitentiaire que sont les gardiens de prison. « Je suis rentré en 1992, on était déjà en grève… » poursuit l’homme.
Hier matin, à 6 heures, un nouveau piquet a été érigé devant la maison d’arrêt de Besançon. Ce mouvement n’aurait pas dû être, puisque suspendu par les instances nationales au moment où s’engage un second tour de négociations, à Paris, avec le ministère. Mais le mécontentement à la base est trop fort.
L’intersyndicale UFAP, CGT, FO est représentée. « On nous annonce la résorption du millier d’emplois vacants, le relèvement de l’indemnité pour charges pénitentiaires et l’arrêt du service en mode dégradé » énumère Nicolas Rahon, de l’UFAP, que l’on sent circonspect. Le mode dégradé, c’est la possibilité pour un agent d’occuper plusieurs postes à la fois, « un véritable problème d’insécurité au quotidien dans toutes les prisons de France ».
Mot d’ordre : la sécurité
La sécurité, c’est le véritable mot d’ordre de ce mouvement de rébellion au niveau local, qui touche aussi Mulhouse et Nancy. À Besançon, des collègues de toute la Franche-Comté sont venus épauler les manifestants de la Butte.On évoque également les « parachutages » de marchandises diverses par dessus les murs : « avant, c’était le week-end, maintenant, c’est toute la semaine, jusqu’à 50 par jour. Quand on récupère un téléphone, il y en a dix qui passent. Actuellement, dans le chemin de ronde, il y a bien dix litres d’alcool en mini-bouteilles qui n’ont pas été ramassés. Le filet de protection est trop bas pour enrayer le mouvement. » Sans parler de la drogue et, la crainte de tous, de passer à côté de l’introduction d’une arme.
Autre point de clivage local, le projet de construction d’une nouvelle structure sanitaire. L’infirmerie qui, jusqu’à présent, « se trouve au cœur de la détention. Là, elle sera dans un bâtiment séparé par un tunnel d’une trentaine de mètres avec uniquement des caméras et un agent à l’intérieur pour une vingtaine de places. On n’a pas été consulté. À la première réunion, tout était déjà prêt. Cela n’a été réfléchi ni avec le personnel pénitentiaire ni avec le personnel médical et il n’y a même plus d’interlocuteur au niveau de l’agence régionale de santé. C’est un projet à un million d’euros, ça doit faire réfléchir à la façon dont est employé l’argent dans cette période difficile. Notre administration veut faire une belle vitrine mais surtout pas aborder les vrais problèmes...
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