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mercredi 16 décembre 2015

BEAUVAIS - Voici la prison du XXIe siècle

Le nouveau centre pénitentiaire de Beauvais, qui vient d’accueillir ses premiers détenus, impressionne tant par sa taille que par sa méthode d’incarcération, plus « ouverte ».
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On rentre par une petite porte derrière laquelle les dimensions impressionnent. 33 000 m2 hors sol enclavés dans un périmètre où chaque côté mesure 215 mètres, protégé par un mur d’enceinte haut de 7 m, deux miradors de 17 m et 576 caméras.
 
Une fois le poste de sécurité passé, un premier bâtiment administratif s’élève. Quinze autres édifices sont encore invisibles de là où nous nous tenons, les barbelés et les hautes grilles sont, eux, déjà omniprésents.
 
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Dans ce centre pénitentiaire flambant neuf, les 166 premiers détenus, transférés des maisons d’arrêt de Beauvais et Compiègne, dimanche dernier, ont regagné chacun leur cellule désormais individuelle. «  C’est ce qui les trouble le plus depuis leur arrivée, se retrouver seul en cellule alors qu’ils étaient en dortoir  », indique Christophe Loy, le directeur de la prison. Il nous conduit dans le cœur carcéral, une place où la modernité du site prend toute son importance.

Au-dessus de nos têtes, un filin « anti-hélicoptère ». En face de nous, un parterre végétalisé. «  Ce projet a davantage inclus un traitement paysager dans les cours de promenade  », précise le directeur. Derrière, un bâtiment central où l’on trouve un gymnase. Deux « coachs » sont en poste. Une fois la prison « pleine », deux autres les rejoindront. «  Ce n’est pas juste du confort. Le sport participe réellement à un projet de réinsertion, à un parcours d’exécution pour éviter la récidive  », insiste Christophe Loy. Une salle de spectacle est attenante. Le SPIP (Service pénitentiaire d’insertion et de probation) s’est appuyé sur des structures locales, comme la Batoude qui donnera les premières initiations au cirque dans la prison. Une autre pièce de ce bâtiment central est également consacrée à toutes les formes de culte, dans une configuration la plus neutre possible.

Sur les côtés, se déploient les deux premiers bâtiments occupés, consacrés à la détention des hommes. Chacun comprend un rez-de-chaussée consacré aux activités, notamment rémunérées (25 heures d’activité hebdomadaire imposées au détenu, selon la loi) et de sport. Dans les couloirs du régime « respect » (lire encadré), un baby-foot appelle à la détente. Un salon de coiffure a même été installé. Les quatre étages sont consacrés à l’incarcération. 8,69 mètres carrés par cellule, avec douche et WC individuels. Dans le couloir, une nef permet de voir les autres niveaux du bâtiment. «  Depuis Fleury-Mérogis, on avait tendance à construire des prisons à étage fermé. Aujourd’hui, on reprend ce principe plus sécuritaire  », ajoute le directeur.

Impossible d’aller de part et d’autre d’un bâtiment sans emprunter les couloirs extérieurs grillagés. Direction désormais, l’unité sanitaire. La visite médicale est obligatoire pour tout détenu. Un médecin et quatre infirmières y travaillent. Un cabinet dentaire et un centre de radiologie ont été installés. Autre investissement novateur dans cette nouvelle prison, les appartements d’unité familiale, où le détenu peut recevoir sa famille mais doit les faire manger à ses frais. L’administration a également investi 50 000 euros dans une médiathèque. L’évasion par la lecture.
Mélanie Carnot

Un régime carcéral basé sur les responsabilités

« Il n’y a pas que les murs dans une prison, il y a aussi un projet d’établissement », a expliqué, hier, Alain Jégo, directeur interrégional de l’administration pénitentiaire, lors de la visite de la nouvelle prison de Beauvais. Ici, on mise sur la réinsertion active. Un principe qui s’inspire du modèle espagnol « respecto », expérimenté en France uniquement à Mont-de-Marsan jusqu’alors. Le détenu, une fois incarcéré, passe d’abord deux semaines, au lieu d’une légalement, d’évaluation au milieu carcéral. L’administration juge alors s’il est apte à respecter un régime carcéral basé sur la responsabilité.

«  Sa cellule reste ouverte, le détenu dispose d’une clé de confort mais il peut à l’intérieur du bâtiment aller aux activités quand on le lui demande, faire du sport. Cette méthode nécessite que sa personnalité soit adaptée à la vie sociale. En contrepartie, il doit respecter un contrat. Il ne doit pas faire de sa détention un vide. Le surveillant est au cœur de son évaluation à travers un système de points  », explique Christophe Loy.

S’il ne respecte pas ses conditions, où s’il n’est pas jugé apte à les respecter dès son entrée en prison, le détenu passe dans le régime classique dans un autre bâtiment. «  Celui qui bascule dans le second niveau ne peut ensuite plus repasser dans le premier. Les allers et venues sont impossibles  », insiste le directeur de la prison. Actuellement, deux bâtiments ont ouvert : 60 détenus ont intégré celui réservé au régime « respect », 106 autres le régime classique. L’ouverture à la fin du premier semestre de la troisième maison d’arrêt hommes pourrait adopter ce nouveau principe d’incarcération.
www.courrier-picard.fr

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