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samedi 27 février 2016

Il introduit du shit en prison pour «aider» son frère

Mercredi, un homme a transmis presque 30g de résine de cannabis à son frère incarcéré à la maison d'arrêt de Foix.

Les surveillants ont découvert la drogue lors de la fouille réalisée à l'issue du parloir. Jugés hier au tribunal correctionnel, les deux hommes ont chacun écopé d'une peine de prison sieurs mois de prison.

«Tout commence par cette volonté du directeur et de moi-même de faire cesser la prolifération de produits stupéfiants dans la maison d'arrêt», a affirmé hier, Karline Bouisset, procureur de la République, au tribunal correctionnel de Foix.


«Le message est clair, il n'est pas tolérable que la famille, les amis amènent des objets illicites à la maison d'arrêt. Les fouilles sont systématiques à l'issue des parloirs. À chaque fois que quelque chose sera intercepté, la réponse pénale sera très ferme».

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La preuve, hier. Dans le box des accusés, deux frères. Le plus jeune est incarcéré depuis novembre 2014 à la maison d'arrêt de Foix.

Aux policiers, il a indiqué qu'il consommait deux à trois joints par jour «pour supporter la prison. J'essaie de me tenir bien, je n'ai pas d'histoire avec les surveillants ou les autres détenus, explique l'homme de 24 ans. Ça devient difficile d'avoir du cannabis.»

Alors il a demandé à son grand frère de lui en procurer. «Mon frère n'allait pas bien, explique l'aîné. Il n'arrivait pas à dormir, il était tout le temps énervé. Je voulais lui rendre service». L'homme décide alors de prendre un train direction Toulouse-Matabiau. «Là j'ai pris un bus jusqu'au Izards.»

Mercredi, il s'est présenté à la maison d'arrêt de Foix pour rendre visite à son frère. Cachés dans son caleçon, 27,8 g de résine de cannabis. La transmission entre les deux hommes se fait pendant le parloir. Avant de retourner dans sa cellule, le plus jeune des frères est fouillé, et le shit est découvert dissimulé dans son caleçon.

«Pas besoin d'être un fin limier pour savoir d'où venait le cannabis», souligne Karline Bouisset. Aussitôt, les deux hommes sont placés en garde à vue. Hier, ils étaient présentés au tribunal dans le cadre d'une procédure de comparution immédiate.

«Il ne faut pas qu'ils soient érigés en exemple»

«Comment voyez-vous votre avenir ?» demande la présidente du tribunal au détenu fuxéen. «Je veux en finir avec tous ces problèmes et repartir sur des bonnes bases». Il y a peu, il a «trouvé utile de ramasser une projection», souligne le procureur. Pour avoir pris cette drogue passée par-dessus les murs de la prison, il a eu un retrait de réduction de peine de 15 jours. «Il n'a rien compris et il met en difficulté son frère», poursuit Karline Bouisset avant de requérir deux mois de prison ferme à son encontre.

Pour l'aîné, «n'étant pas ancré dans la même problématique», elle requiert une peine mixte, avec un maintien en détention.

«Qu'il y ait une volonté d'apporter une réponse pénale sur l'usage des stupéfiants en prison, d'accord, mais la manière de l'appliquer est un peu brutale et pas adaptée, avance Me Fabbri, l'avocat des deux prévenus. Avant, les sanctions étaient traitées en interne, puis devant le tribunal correctionnel, et maintenant en comparution immédiate. Il ne faut pas que ceux-ci soient érigés en exemple».

Pour le jeune frère, il explique : «Il indique fumer de plus en plus depuis qu'il est en prison. Il faut trouver une solution. Si on est uniquement capable de sanctionner c'est insuffisant et inadapté». Pour l'aîné, Me Fabbri rappelle qu' «il est le soutien de la famille. Il vit avec ses parents âgés et malades et a dans quelques jours un entretien d'embauche. Son passage devant vous est la meilleure des sanctions. Il voit ce que cela peut lui coûter. Il a le profil de quelqu'un qui ne doit pas aller en prison».

Après plusieurs minutes de délibération, le tribunal a rendu son jugement. Le plus jeune des frères écope de deux mois ferme, et l'aîné de trois mois de prison dont deux de sursis avec mise à l'épreuve, obligation de soins, de travail ou de formation. Le maintien en détention n'a pas été retenu par les juges. «Je vous promets que vous n'entendrez plus parler de moi», a-t-il annoncé. «Je vais aller chez un psychologue, a conclu le benjamin. Je vais faire ce qu'il faut faire.»

La Dépêche

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