La « balance », le « traître », c’est lui. Eric Tino, 40 ans, ancien surveillant pénitentiaire, a dénoncé deux de ses collègues pour des violences commises sur des détenus, au centre pénitentiaire de Liancourt.
C’était il y a dix ans. Pour Eric Tino, c’était hier. Dans un livre à paraître ce jeudi, il brosse un portrait au vitriol des rapports qu’entretenait une équipe de surveillants avec les détenus de cet établissement.
Ouvert en février 2004, le centre pénitentiaire de Liancourt était à l’époque sous le feu des projecteurs depuis quelques mois, à la suite d’une série de plaintes et de saisines de la commission nationale de déontologie et de sécurité (CNDS).
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Un suicide au quartier disciplinaire, une cellule arrosée avec une lance à incendie et ses occupants laissés les pieds dans l’eau toute une nuit. Violences, humiliations, brimades… C’est cette ambiance délétère qu’Eric Tino, frais émoulu de l’école nationale de l’administration pénitentiaire (Enap) découvre à Liancourt.
Le 7 novembre 2006, c’est l’incident de trop. Il assiste à une scène qu’il décide de ne pas cautionner : un détenu de 21 ans « passé à tabac » avec les gants d’intervention dans la cellule C 143.
Recueilli par les gendarmes de Clermont, son témoignage est décisif : les deux gradés incriminés sont convoqués devant le tribunal correctionnel de Beauvais.
L’audience se tient en décembre 2006, devant quatre-vingts gardiens venus de toute la région Nord pour soutenir les deux prévenus, condamnés à quatre mois de prison avec sursis. Pour Eric Tino, « l’enfer » a déjà commencé.
Dans son livre, l’ancien surveillant raconte les menaces, le pare-brise de sa voiture explosé, la potence en papier retrouvée sur son bureau. « La nuit, le téléphone sonne sans relâche, écrit-il. Au bout du fil, personne. Ça raccroche chaque fois.
De quoi devenir dingue. Je reçois des textos aussi. J’en ai conservé un dans mon ancien téléphone : On te retrouvera toujours. »
Eric Tino a démissionné de l’administration pénitentiaire en 2009. Il vit aujourd’hui dans le sud de la France et enchaîne les missions d’Intérim. « Je porterai cette histoire toute ma vie au fond de moi, résume-t-il au téléphone. Mais le livre me permet quand même de mettre un point final à cette histoire. »
Force ouvrière (FO), le syndicat auquel Eric était affilié à l’époque, pointé du doigt dans le livre pour son « absence de soutien », se « félicite qu’il ait quitté la maison ». « C’est un dossier vide, creux, monté de toutes pièces, estime Emmanuel Gauthrin, secrétaire général de FO pénitentiaire. Les collègues ont été traînés dans la boue. »
Le Parisien
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