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jeudi 25 février 2016

Rachide Boubala, le détenu qui "emmerde" les prisons

Incarcéré en 1996 pour un braquage raté, Rachide Boubala ne doit maintenant pas être libéré avant 2037.

Le mur d'enceinte extérieure d'une prison (Photo d'illustration).

Et sa fâcheuse manie de projeter ses excréments sur les surveillants et d'en maculer les murs de sa cellule lui a déjà valu de changer de prison plus de 90 fois.
 
Il a perdu sa liberté le 6 septembre 1996, un mois et un jour avant ses 20 ans.

Au départ condamné à trois ans d’incarcération après un braquage de station-service raté, Rachide Boubala aurait dû sortir en 1999, mais n’est jamais ressorti de prison.

Et l’échéance est désormais fixée à 2037, date à laquelle il aura… 61 ans. Car les "incidents", comme il les appelle, se multiplient pour le détenu originaire de Vitry-le-François, dans la Marne, aujourd'hui âgé de 39 ans. A se demander si celui que l’on surnomme "l’ingérable" ou encore "l’emmerdeur" a encore envie de recouvrer la liberté.

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Il étale et projette ses excréments

Les débuts de Rachide Boubala derrière les barreaux sont difficiles, raconte Francetv info qui lui a consacré un article long format fin janvier. Ce couvreur-zingeur de métier est sanctionné à quatre reprises pour outrages, ce qui lui vaut deux ans de plus à purger. Les choses s’enveniment par la suite: feux de cellule, menaces de mort contre le personnel, et même prise d’otages d’un surveillant à la prison de Condé-su-Sarthe en 2013…

Mais surtout, il prend au fil des ans l’habitude de projeter ses excréments sur le personnel ou de souiller ses cellules successives en les étalant sur les parois.

Une attitude qui lui vaut un continuel allongement de sa peine, d’être abonné aux cellules d'isolement et au quartier disciplinaire, et d’avoir été transféré, entre 1996 et 2015, plus de 93 fois dans des établissements pénitentiaires différents.

L’homme, qui reste très propre sur lui, prend le soin de liquéfier sa matière fécale avec des laxatifs, ou dans une bouteille en plastique avec de l’eau ou de l’urine, précise Francetv info.

Les surveillants qui s’approchent de lui doivent s’équiper d’une combinaison et d’un masque. S’ils sont atteints, ils doivent se faire hospitaliser à titre préventif pour être dépistés. En 2009, il a même envoyé ses excréments sous enveloppe à un magistrat, recevant en retour une peine de quatre ans.

Et dans la prison de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais, où il est arrivé mi-décembre selon Nord Littoral, le personnel a fini par mettre de la litière pour chat sur le sol de sa cellule et renforcer les joints de sa porte avec du scotch.

"Personne n’en veut dans sa prison"

Mais pourquoi se condamner ainsi à rester enfermé entre quatre murs pendant encore des décennies?

Comme le relève L’Union, ses soutiens voient dans cette façon d'"emmerder" le monde une volonté de lutter contre l’administration pénitentiaire, dans un mode opératoire rappelant celui de prisonniers irlandais au début des années 1980.

Une analyse qui ne convainc pas le responsable syndical FO de Vendin-le-Vieil:

"Son seul leitmotiv, c’est d’emmerder le monde", explique-t-il à Nord Littoral. "En général, il est conservé sur site entre trois et six mois maximum, après, quand le personnel en a pris un sacré coup, il change de prison. Et après celle-là, ça sera une autre... Ce détenu, personne n’en veut dans sa prison."

"C'est rare de voir quelqu'un qui ne pense pas au-dehors et à ses intérêts", s'étonne de son côté Marie Crétenot, juriste à l'Observatoire international des prisons (OIP), citée par Francetv info.

En 2009, note le site, des psychiatres ont été appelés à s'exprimer sur sa personnalité.

Conclusion des différentes évaluations: "absence de maladie mentale constituée", mais "une certaine rigidité de pensée, associée à de la réactivité, des attitudes de défiance".

Rachide Boubala "s'est forgé une véritable identité, un équilibre dans le fait qu'il est une problématique pour l'administration pénitentiaire", explique un psychiatre.

Quoi qu’il en soit, d'après Nord Littoral, il risque d'être transféré de la prison de Vendin-le-Vieil avant la fin de cette année.

BFM TV

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